Critique – Life is Strange ou l’art de vivre une expérience unique

La semaine dernière marquait la sortie du dernier épisode (pour un total de cinq) de Life is Strange, deuxième jeu du studio Dontnod Entertainment. La particularité du titre est à la hauteur de son contenu exceptionnel. Life Is Strange est un jeu d’aventure qui mise sur l’interaction avec les objets et avec les personnages pour progresser. Le style se rapproche assez bien du point’n’click sans le curseur. Il faut donc vous attendre à plusieurs heures de dialogues et de pensées de votre protagoniste pendant vos séquences de jeu. Autrement dit, le point central du jeu est son histoire et la jouabilité va en ce sens.

Fiche technique

  • Type de produit : jeu aventure style point’n’click
  • Éditeur : Dontnod
  • Durée du jeu: 2-3 heures / épisodes, total de 5 épisodes
  • Nombre de joueurs : 1 joueur
  • Âge recommandé : 15 ans
  • Langue du produit : anglais
  • Disponible en français : sous-titres et traduction des menus seulement
  • Prix moyen : 21,99 $ pour la saison complète (5 épisodes), 5.49 $ pour l’épisode 1 seulement
  • Consoles : Steam, PS3, PS4, Xbox360 et XBoxOne.
  • Site officiel du studio: http://www.dont-nod.com/

 

Le pouvoir de Dieu

Dans Life is Strange, vous incarnez Maxine « Max » Caulfield, une photographe geek aux allures insignifiantes qui vient de se réveiller d’un étrange cauchemar en classe. Dès cet instant, vous êtes présenté aux concepts d’interaction. En tournant la caméra vers un objet, vous pouvez choisir différentes actions (observer, utiliser, etc.). Pour la majorité des interactions, vous pourrez entendre les pensées de Max. Et des objets interactifs, il y en a en quantité industrielle! Sur cet aspect, Dontnod a choisi une prise de main assez facile d’approche.

Après un long discours de votre professeur, un tour à la salle de bain s’impose (histoire de vous rafraîchir les idées). Une série d’événements survient et Life is Strange prend d’un coup tout son sens : vous héritez soudainement d’un pouvoir, celui de revenir en arrière de quelques minutes et de modifier le cours des choses. À tout moment dans le jeu, vous pourrez reculer le temps, histoire de modifier une décision, d’éviter une conséquence ou même, parfois, de sauver une vie. Chacun de vos choix (une fois définitif) peut influencer le cours de l’histoire et Dontnod a pris un malin plaisir à vous exposer à plusieurs reprises à des dilemmes : risquer votre propre avenir ou votre amitié avec votre meilleure amie par exemple. Un concept brillant et innovateur. Le jeu vous offre même la possibilité de voir en statistiques combien de joueurs ont pris les mêmes décisions que vous à la fin de chaque épisode.

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Vous progresserez donc de jour en jour (pour un total d’une semaine) à travers cinq épisodes avec ce nouveau pouvoir en tentant de faire le bien, de renouer des liens (ou d’en créer de nouveaux), de découvrir les personnages qui vous entourent quotidiennement, mais surtout de changer les choses (pour le meilleur ou pour le pire). Accompagnée de Chloe Price (votre amie d’enfance), vous vous lancerez aussi à la recherche de Rachel Amber, une jeune femme disparue mystérieusement.

 

Une question de choix

Il va de soi que, dès qu’un jeu propose des conséquences face à des choix, l’histoire prend déjà beaucoup plus de valeur en qualité. Cela crée un sentiment d’appartenance. Même si, par moment, l’écriture peut paraître maladroite dans certains dialogues, dans son ensemble, l’intrigue est accrocheuse. Dès le premier épisode, il est difficile de s’arrêter. Les questions ne cessent de s’accumuler et les personnages sont uniques et attachants. Il y a du charme et quelque chose d’unique dans l’atmosphère générale du jeu qu’on ne retrouve pas ailleurs. Et ce sentiment est exponentiel au fil des épisodes. Il ne serait pas surprenant que vous deveniez émotif devant la beauté de l’histoire.

En plus d’une mise en scène remarquable, Dontnod expose son récit à travers un visuel qui concorde très bien avec son contenu. À mi-chemin entre le dessin au crayon de feutre, la peinture et la bande dessinée, Life is Strange est visuellement plaisant pour les yeux, sans compter les choix musicaux. Combiné à son intrigue et à sa jouabilité particulière, ce jeu ne peut faire autrement qu’offrir une expérience mémorable.

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Le revers de la médaille

Ceci dit, là où Life is Strange réussit bien, il y a aussi quelques faiblesses. Pour un jeu très centré sur l’histoire et les personnages, les expressions faciales et le lipsync (le mouvement des lèvres en parlant) sont assez faibles. Par conséquent, Max a toujours l’air d’être sur le point de pleurer, ce qui peut briser l’immersion. Certains y verront un point majeur qui nuit à l’expérience, d’autres parviendront à passer par-dessus.

Un des autres aspects à améliorer concerne surtout la rejouabilité du jeu en tant que tel et c’est un problème commun à tous les jeux du genre. Dès qu’on vous offre une histoire qui prend des tournures différentes selon vos choix, il est facile d’être enclin à explorer toutes les options et de vouloir refaire le jeu différemment. Dontnod a donc ajouté un « mode de collection » où vous pouvez rejouer des épisodes et découvrir des éléments que vous avez manqués lors de votre première séquence de jeu. C’est bien, sauf qu’il y a plusieurs cinématiques et dialogues qu’on ne peut pas sauter. Du coup, si vous voulez voir toutes les routes alternatives du jeu, il faut vous attendre à revoir plusieurs fois la même chose. Au moins, il est possible de sélectionner le chapitre de votre choix dans un épisode. Mais le plus gros du problème persiste. Si vous souffrez d’hyperactivité dans les jeux vidéo, vous risquez de moins apprécier l’idée de faire le jeu plusieurs fois.

Une fois que vous avez fini, qu’est-ce qu’il y a? Vous trouverez une brève mention qu’il y a des photographies secrètes à prendre au fil des épisodes (qui demandent parfois de regarder au bon endroit au bon moment pour pouvoir les prendre). Ceci débloque des Achievements, rien de plus. Ensuite? Rien. Vous connaissez l’histoire, vous pouvez la rejouer et c’est tout. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, il faut s’y attendre lorsqu’on approche un jeu d’aventure dont l’histoire est le point central. À trois heures par épisode en moyenne (pour un total de quinze) avec un peu de rejouabilité (si nous excluons les quelques différences basées sur vos actions), vous obtenez une expérience qui se conclut en 20 à 25 heures. À vous de voir si cela vous convient.

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En bref…

À travers une histoire envoûtante, un visuel unique et une atmosphère mémorable, si vous aimez les jeux d’aventures avec une belle histoire, il serait étonnant que Life is Strange ne soit pas pour vous. Dontnod a su faire sa place avec ce deuxième jeu de qualité qui mérite d’être connu. Si je pouvais résumer Life is Strange en une question, ce serait la suivante : « Et si vous obteniez la possibilité de jouer à Dieu et de contrôler le temps, que feriez-vous? ».

 

On aime :

  • L’originalité de l’univers et du concept;
  • Le développement des personnages et de l’intrigue;
  • La musique;
  • Le jeu des acteurs;
  • L’interactivité avec les objets;
  • Le visuel et l’atmosphère.

On aime moins :

  • L’impossibilité de sauter certaines cinématiques;
  • Le lipsync;
  • Le manque de rejouabilité;
  • Les conséquences face à certains chois, parfois trop limitées.

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