L’évolution du zombie au cinéma

Le phénomène zombie est une véritable épidémie culturelle. À juste titre, l’ampleur de la contagion a envahi tous les domaines reliés au monde de l’imaginaire, allant du manga au jeu vidéo. Tapez sur Google le mot « zombie » et plus de 370 millions de sites vous en parleront. Au cinéma, le mot « dead » apparaît dans plus de 400 titres de films d’horreurs, comme Evil Dead, Dawn of the Dead, House of the Dead ainsi que la célèbre série The Walking Dead. L’invasion de la culture zombie surpasse les frontières de l’imaginaire, allant jusqu’à se concrétiser en événement festivalier. Dans les grandes villes de ce monde, la Zombie Walk réunie chaque année des dizaines de milliers d’adeptes du zombitisme. Plus de 10 000 personnes maquillées en zombie ont macabrement déambulé dans les rues de Montréal le 19 octobre dernier. Bien qu’il soit du domaine de la fiction, le danger d’une future invasion de zombies est pour certains bien réel. Magasins d’armements et guide de survie pour se défendre contre les morts-vivants sont des marchés en pleine expansion partout dans le monde.

Bref, dans l’attente d’une éventuelle invasion, je vous propose d’explorer l’évolution du zombie à travers l’histoire du cinéma. Quoi de mieux pour se préparer!

Le cinéma surréaliste des années 30 permet à de nombreuses créatures fantastiques de prendre forme à l’écran. Vampires, momies, fantômes, monstres et bien sûr les zombies, nourrissent l’imaginaire d’une classe moyenne émergente découvrant tout juste les plaisirs mondains du cinéma. À l’époque, un zombie est généralement un mort-vivant à proprement parlé, plus exactement une créature morte, ressuscitée par l’entremise d’un sorcier mystique. L’usage de la magie et de la sorcellerie est d’ailleurs intimement relié à sa création. Ainsi, un zombie est une créature entre la vie et la mort au service d’un maître machiavélique. En cas d’attaque de zombies des années 30, il suffit de supprimer le maître sorcier en question pour rompre le sort et stopper l’invasion. De toute évidence, nos yeux de contemporains modernes, endurcis par une surabondance d’horreurs et de calamité de ce genre, conçoivent ces morts-vivants comme une caricature du zombie actuel, mais pouvaient se révéler franchement terrifiants pour la société bourgeoise de cette époque.

zombie 30

Dans les années 50, le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale introduit un changement culturel au cinéma. Le choc du conflit donne naissance à de nombreuses œuvres cinématographiques s’inspirant notamment des horreurs de la guerre. Par conséquent, plusieurs cinéastes relatent le présage désastreux d’un savoir scientifique et technologique tombé entre de mauvaises mains, utilisé à des fins malveillantes, comme détruire l’humanité par exemple. Partant de là, les zombies d’après-guerre sont généralement le produit d’un illustre savant fou, projetant de conquérir la planète ou d’un rayon cosmique de nature extraterrestre. Dans la majorité des cas, la science et la technologie sont responsables de la « zombification » de la race humaine. De plus, la guerre froide ne fait qu’alimenter la peur d’un possible conflit entre l’Union soviétique et les États-Unis. Les films de propagandes américains schématisent donc le zombie comme étant l’œuvre de méchants scientifiques russes s’attaquant aux racines de la démocratie.

Nazi-Zombie

De nos jours, les zombies s’appréhendent selon deux conceptions relativement opposées. La première les décrie comme étant des créatures lentes et amorphes, à l’image d’un somnambule. L’univers de The Walking Dead abonde d’abominations ambulantes de ce genre. Ils se présentent généralement à moitié décomposé ou éclopé d’un membre. La deuxième abstraction du zombie est beaucoup plus violente et dangereuse. À l’image des contaminés de World War Z, les humains touchés peuvent courir, grimper et sauter. L’agressivité et le goût du sang délogent toute forme de conscience humaine et celui qui dévient zombie n’est plus qu’un sauvage cannibale démoniaque.

Aujourd’hui, le cinéma post-apocalyptique s’est emparé du phénomène. Tissé autour d’un scénario catastrophe, l’humanité doit lutter pour sa survie. Pandémie, virus, expériences scientifiques qui ont mal tourné, dans tous les cas, les derniers survivants de la race humaine doivent affronter une civilisation mutée en zombie. Cette fois, le grand responsable est la société elle-même. Il n’y a pas de méchant scientifique ou de sorcier belliqueux en cause. La contagion est perçue comme la conséquence inévitable d’une société en crise. Elle représente notre foi aveugle envers le progrès et l’échec de la science. Ainsi, les zombies ne seraient que l’empreinte de ce que nous réserve le futur, l’antithèse de ce que nous sommes.

LittleSocrate

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