Marvel contre DC… Le duel des géants!

Parlons bandes dessinées. Comic books. DC. Marvel. Les géants du milieu. Parlons contenu visuel (films, séries télé) inspiré de ces BD.

Je collectionne des bandes dessinées depuis les années 1980. J’ai grandi dans l’ombre de Superman et Batman. Pendant très longtemps, ils furent mes seuls héros. On ne parlait d’ailleurs que très peu des autres. Les temps ont changé. Les deux grands distributeurs ont chacun bâti un empire avec leurs franchises et personnages; on pourrait argumenter que l’outil principal qui aura servi à cimenter ceux-ci dans l’imaginaire récent moderne se retrouve dans les salles du cinéma, dans les méga-productions héroïques.

DC Comics ou Comment ‘Jouer Safe’

C’est en 1978 que Christopher Reeves crève l’écran dans le rôle de l’homme d’acier. Il reprendra le rôle trois fois (quoique plusieurs prétendent que seuls les deux premiers films valent la peine d’être vus). D’ailleurs, Superman Returns, en 2006, s’inscrit dans la continuité des deux premiers, film hommage aux oeuvres de Reeves et Donner.

Batman revient au grand écran (première fois depuis le film parodique de 1966) entre les mains de Tim Burton et Micheal Keaton. La franchise verra également quatre incarnations, les deux premières étant considérées plus fidèles à la mythologie par plusieurs critiques. Le changement d’acteur dans le rôle titre (Val Kilmer et George Clooney) pour les numéros 3 et 4 ne fait pas l’unanimité, ni non plus le changement de direction entamé par Joel Schumacher.

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Christian Bale et Christopher Nolan ramènent le chevalier noir au grand écran sous la bannière de Batman Begins et ses deux suites, signant une maintenant célèbre trilogie qui a frappé l’imaginaire et redonné sa profondeur au personnage.

En 2011, DC essaie de propulser Green Lantern au premier plan dans une oeuvre qui met en scène Ryan Reynolds. Le film est accueilli de façon très mitigée, mais il donne au moins un peu de visibilité à un personnage important mais un peu mal-aimé.

Deux ans plus tard, Henry Cavill détruit la ville de Métropolis dans son combat contre le général Zod, alors que DC Comics ramène Superman au grand écran dans Man of Steel. Et c’est à ce moment que s’inscrit le moment critique pour les fans comme moi et peut-être comme vous; brusquement, DC Comics semble commencer à comprendre quelque chose que Marvel Comics a saisi depuis un certain nombre d’années.

 

Marvel Comics ou comment ‘Jouer dur’

En 2000, Bryan Singer signe le premier film X-Men sous la bannière de Twentieth Century Fox, et entame ainsi une longue histoire qui se continue jusqu’à ce jour, plus récemment avec Days of Future Past. Les multiples titres qui ont orné la franchise ont été reçus avec intérêt, ne faisant pas toujours l’unanimité. Bien que la totale continuité n’ait pas été assurée, on y trouve une progression logique et majoritairement cohérente au niveau des personnages.

Sam Raimi se livre à la même expérience avec une trilogie Spiderman mettant en vedette Tobey Maguire. Entre 2002 et 2007, il nous livre une histoire sous la bannière de Columbia Pictures qui, malgré certains commentaires, a réussi à bien percer le milieu et offrir une histoire complète, du début à la fin.

Les Fantastic Four (Reed, Sue, Johnny et Ben) se donnent également leur moment de gloire dans deux incarnations cinématographiques. Leur prestation fait bonne figure entre les mains de Twentieth Century Fox sous la gouverne de Tim Story.

On ne peut passer sous silence le gros monstre vert, Hulk, joué par Eric Bana, dont la forme massive a rempli l’écran en 2003, entre les mains de Universal Pictures et d’Ang Lee.

Dans la même année, Ben Affleck nous livre une performance qui ne fait pas l’unanimité dans Daredevil, et Jennifer Garner lui succède avec autant d’incertitude dans Elektra. La réception critique de ces films est contestée, mais la compagnie voit quand même deux autres titres s’ajouter à son palmarès.

The Punisher lance Thomas Jane dans le rôle éponyme alors que le héros sombre s’en prend à ceux qui ont tué sa famille; c’est Lions Gate qui signe le film, ainsi qu’une autre incarnation du tueur de criminels (avec Ray Stevenson cette fois), qui livre un carnage sans retenue et présente même un ennemi-thématique à la hauteur de Frank Castle, Jigsaw.

Même Nicolas Cage se retrouve propulsé en Ghost Rider, ange déchu, cette fois sous l’égide de Columbia Pictures, deux fois plutôt qu’une. Cette histoire d’horreur fantastique n’est pas sans rappeler que Wesley Snipes nous a donné un Blade, chasseur de vampires, en trois volumes, entre 1998 et 2004; chaque film réinvente le culte du vampire à sa manière et assure une continuité tout au long de la trame narrative.

 

Le plan Marvel Studios

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Marvel Studios voit le jour en 1993; c’est elle qui finance la majeure partie des films produits dans l’intérim. Mais voici que la ligne directrice de la compagnie décide de se lancer dans une grande entreprise, du jamais vu au cinéma. Force est d’admettre que le succès de la franchise X-Men a probablement incité les exécutifs à prendre la ‘bonne’ décision. Marvel Studios devient le producteur de ses propres films, ce qui lui permet de garder le contrôle éditorial de sa trame narrative.

En 2008, IronMan, campé par le très bien choisi Robert Downey Jr. en tant que Tony Stark, perce le grand écran pour la première fois. Le scénario est captivant, la trame est bien construite… et la scène après le générique, mettant en vedette Nick Fury et la mention ‘Avenger Initiative’, donne le ton à ce qui s’en vient. Marvel décide de se lancer dans la continuité, promettant que chaque titre qui suivra dans la lignée (elle s’autorise quand même à se garder des titres indépendants) suivra les éléments des précédents films.

Les suites ne se font pas attendre. Hulk revient à l’écran sous le visage d’Ed Norton, mais c’est encore une fois Nick Fury qui visite le général Brant pour lui dire de ne plus s’intéresser au monstre.

Iron Man nous relance deux ans plus tard avec sa propre trame originale et l’apparition de WarMachine et BlackWidow, mais c’est un présage de la présence du mythique dieu nordique Thor (par son marteau) qui termine l’oeuvre. Thor (Chris Hemsworth) et Captain America : the First Avenger (Chris Evans) crèvent l’écran l’année suivante. Le premier fournit au prochain film son ennemi principal en la personne de Loki (Tom Hiddleston), de même que Hawkeye (Jeremy Renner); le second nous donne l’arme du crime par excellence, le Tesseract. Ces deux éléments se combinent pour une invasion extraterrestre d’envergure à (devinez où) New York, alors que tous les autres éléments se rassemblent, i.e. IronMan, Hulk (cette fois-ci entre les mains de Mark Ruffalo), Thor, Captain America, Black Widow et Hawkeye, sous la gouverne de Nick Fury, qui deviendront les Avengers.

Mais l’idée d’une continuité se transpose au-delà de la planète, car l’invasion extraterrestre menée par Loki l’était faite sous l’égide d’un tyran galactique, Thanos, dont la présence ouvre un nouveau chapitre d’histoire pour la franchise.

On nous livre alors, l’année suivante, deux autres épopées, l’une avec IronMan qui clôt la trilogie du héros en armure, et l’autre avec Thor, qui nous ramène encore une fois dans l’espace avec le Collecteur (Benicio Del Toro) à qui l’on remet l’Aether, artefact puissant similaire au Tesseract. Aucune coïncidence, donc que le Collecteur fasse son apparition dans une production suivante. Mais avant celle-ci, Captain America nous livre une deuxième performance qui s’étend dans toutes les directions, avec un coup dur donné à S.H.I.E.L.D., l’apparition de Falcon (Anthony Mackie) et un présage avec la présumée présence de QuickSilver et ScarletWitch (les jumeaux qui ont survécu?)

AgeOfUltronPour le moment, la trame s’avance jusqu’à Guardians of the Galaxy, accueillie avec beaucoup de bonheur par les fans de cette continuité. Et même la présence inatttendue de Ho
ward the Duck (?) n’a pas miné les attentes des fans, qui ont revu le Collecteur et Thanos alors que les héros faisaient de leur mieux pour mener l’histoire à bon terme.

Et c’est loin d’être fini. 2015 présage Avengers : Age of Ultron (avec James Spader dans le rôle d’Ultron); et on annonce formellement la présence des jumeaux sus-mentionnés ainsi que de l’androïde Vision. Ant-Man verra également le jour la même année; la version réjouira les fans de Greg Capullo qui avait donné une touche unique au personnage lorsqu’il l’avait pris en charge pour Marvel. Et 2016 donnera la vedette au docteur Strange, magicien hors pair.

Marvel Studios a poussé l’audace encore plus loin, avec une série télévisée intitulée Agents of S.H.I.E.L.D. Chaque semaine (22 épisodes par année), les agents de l’organisation secrète explorent le monde et oeuvrent pour le bien de tous. Les actions des agents dans la série ont un impact sur l’univers des films, et vice versa. L’équipe de Marvel Studios fait un travail hors pair de coordination entre ses différentes équipes de production, et le spectateur n’en est que récompensé.

 

La riposte

DC Comics a toujours eu une relation difficile avec le grand écran. Le petit écran lui a bien servi dans les années 1960-70 avec des séries adaptées à leur époque (Batman et Wonder Woman), mais elles n’ont pas bien vieilli (quoique la prestation d’Adam West en Batman reste mémorable).

DC Comics a longtemps misé sur ses deux principaux chevaux et rien d’autre. Superman et Batman ont chacun rempli l’écran plus de fois que quelconque autre superhéros (bien que Marvel renverse peu à peu l’équilibre avec sa continuité récente). De rares incursions dans le domaine héroïque de DC-Comics au grand écran ont lamentablement échoué.

En revanche, le petit écran, lui, reste un atout privilégié pour la compagnie. Lois & Clark : The New Adventures of Superman donnera à Dean Cain la chance d’incarner Superman pendant quatre ans; John Wesley Shipp campera le rôle de Flash toute une année; Smallville verra Tom Welling en Clark Kent – héros en devenir – et le mélodrame s’éternisera pendant dix ans; la série commencera à prendre des risques dans ses dernières années en introduisant des personnages de la mythologique héroïque (Green Arrow, Aquaman, Flash, Cyborg, Zatanna, Hawkman, Stargirl, Doctor Fate, etc.)

Malgré tout ceci, la compagnie semble avoir une difficulté à consolider ses efforts. Le premier pas dans cette direction semble se concrétiser avec Arrow (Stephen Amell). Les producteurs de la série choisissent, sans gêne, de relancer l’univers de DC-Comics dans son grand déploiement. On y présente Huntress en première saison; la deuxième qui s’est terminée en mai 2014 nous a donné Black Canary et DeathStroke; elle a également préparé le prochain projet, qui vient à peine de débuter dans la continuité d’Arrow.

Au même moment, Warner Bros donne à Zack Snyder le feu vert pour Man of Steel, le retour de Superman au grand écran pour une toute nouvelle trame. Henry Cavill livre une performance intéressante dans le rôle du superhéros le plus connu de l’histoire, mais c’est Metropolis qui remporte la palme de cité la plus violentée par un combat épique (et ce, peut-être dans l’histoire du cinéma!)

Les rumeurs commencent soudainement à affluer. On parle de séries télévisées qui verront bientôt le jour. Flash. Constantine. Gotham. Les projets aboutissent, mais ils ne sont pas centralisés. Flash (Grant Gustin) fait ses débuts dans le même univers qu’Arrow et promet d’exploiter le phénomène méta-humain si présent dans l’univers de la bande dessinée. Gotham se veut glauque, présage de l’avenir d’un jeune Bruce Wayne dont les parents ont été assassinés et dont le lieutenant James Gordon doit trouver le coupable dans cette ville de crime et de démence. John Constantine suivra les enquêtes paranormales de l’exécrable détective mystique (rôle que Keanu Reeves avait tenu dans une production datée de 2005). Ceux qui espéraient y retrouver une continuité sont déçus : trois chaînes différentes couvrent les séries et rien ne présage aucune correspondance.

Batman-VS-Superman

C’est alors que DC promet de nous donner Batman et Superman, dans un film intitulé Dawn of Justice, le premier d’une série qui promet, enfin, une continuité claire entre les différentes incarnations des personnages de la compagnie. La réaction à la nomination de Ben Affleck dans le rôle du chevalier noir est assez acerbe; Gal Gadot est vraisemblablement tenue au rôle de Wonderwoman, ce qui présage son propre film. Et on parle maintenant d’un nombre de films en préparation, onze en tout, qui suivront le modèle de continuité proposé par Marvel Studios !

Une seule question semble s’imposer : pourquoi DC a-t-il attendu si longtemps avant de se lancer dans l’aventure?

 

Qui gagne?

Les fans de bande dessinée et des personnages associés sont de tous âges. Jeunes ou vieux, ils apprécient des histoires bien ficelées qui traduisent l’héroïsme de ces dieux modernes, nouvelles incarnations de la mythologie transformée. Ceux qui s’y intéressent depuis bon nombre d’années espèrent retrouver dans la cohue un sentiment de continuité. Il y a de cela maintenant trois ans, DC-Comics a lancé son ‘Reboot’, dans lequel la compagnie a tenté de se donner un nouveau départ (dans le but d’attirer de nouveaux lecteurs). Le succès commercial de la manoeuvre ne fait aucun doute, mais les mordus de la continuité tels que moi en ont pris pour leur rhume. DC avait-il le droit se de livrer à l’expérience? Sans aucun doute. À tout moment, une compagnie de ce genre peut s’autoriser à altérer sa continuité, au grand dam des fans (l’histoire One More Day de Marvel dans laquelle le mariage entre Peter Parker et Mary Jane Watson a été délibérément annulé n’est qu’un exemple parmi tant d’autres).

Le conflit silencieux entre les deux géants est loin d’être résolu. Il faudra voir si DC réussit, avec ses films en devenir, à rattraper le temps perdu; il faudra également voir si Marvel augmentera sa présence au petit écran.

Chose certaine, les fans des deux compagnies peuvent encore espérer de nombreuses sorties de la part de chacune. En fin de compte, le gagnant, c’est peut-être eux, ces fans qui n’attendent rien d’autre que du bon divertissement.

2 thoughts on “Marvel contre DC… Le duel des géants!

  1. Bon article, attention que sur le boulot de Marvel il y a un truc incroyablement important par rapport aux films/séries qui n’est pas mentionné, c’est le rachat par Disney !

    En 2009 il y a un tournant monstrueux dans la présence à l’écran à travers ce rachat puisque c’est l’arrivée de Marvel qui fait des films, et plus la présence de Marvel qui vend des licences. Sauf qu’à ce moment-là aussi, il y a un certains nombres de licences qui sont déjà vendues et ça leur pose énormément de problèmes en ce moment.

    X-men et Spiderman sont vendues et X-men, notamment, est un problème puisque Quicksilver et Wanda doivent apparaître dans Age of Ultron, mais aussi chez X-men, il y a quelques conflits d’intérêt forts intéressants.

    Mais ça fait aussi que les films Spiderman et X-men ne s’incluent pas vraiment dans la trame cinématographique de Marvel alors que ce sont des personnages Marvel. Et ça, c’est pas toujours facile pour tout le monde ;)

  2. J’ai abordé légèrement le sujet des licenses avec Marvel en mentionnant les compagnies de production, mais c’est effectivement la raison pour laquelle l’univers des X-Men, celui de Spiderman et la trame continue (Avengers) ne sont pas compatibles en terme de structure. À l’époque, Marvel avait vendu ses droits de film à différents producteurs, et maintenant, s’ils veulent les ravoir, ça doit négocier très très fort.

    DC n’ont pas ce problème, n’ayant produit que très peu de films. lls n’ont pas disséminé leurs droits un peu partout.

    Pour ce qui est du rachat par Disney, c’est une toute autre histoire dans laquelle je ne souhaitais pas m’embarquer. Mon article était déjà assez long. Il est clair, par contre, que cette décision est sûrement en cause dans la gestion de Marvel Studios maintenant.

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