La mort dans les séries d’animation japonaise

Selon un proverbe chinois, « La vie est la voie de la mort, la mort est la voie de la vie. » Ce qui signifie que nulle existence n’a de raison d’être sans cette fatalité commune qu’est la mort. Si nous étions des dieux immortels, la mort serait aussitôt dénuée de sens. La vie aussi. Par conséquent, la valeur de l’existence prend alors toute son importance lorsque sa fragilité devient consciente.

D’ailleurs, déchiffrer les mystères de la mort est une tâche chimérique auquel l’homme ne peut aspirer. De la mort, nous ne percevons que le soupir du mourant et ses mécanismes nous échappent, car elle est une chose contraire à la vie, l’autre côté du miroir dont seule la mort peut le rendre limpide. Cela dit, malgré le voile impénétrable de la mort, l’esprit de l’homme, lui, ne ménage pas sa créativité à son égard. Du coup, l’inconnue et ce que les limites de notre conscience ne peuvent pas atteindre renaissent dans notre imaginaire. Mythes et légendes sont les outils que notre pensée emploie pour peindre la mort. Naturellement, la culture geek aborde sans concision la thématique entourant celle-ci. Il est amusant et enrichissant d’écouter ce que l’univers de l’imaginaire a à dire à ce sujet.

Berserk

Berserk

Bon nombre de manga japonais font de la mort leur étendard. Toutefois, Berserk travaille cette sombre fatalité de manière singulière. Le protagoniste de la série, loin d’être à l’image des traditionnels héros : l’emblématique chevalier gardien de la justice et protecteur des faibles se conçoit plutôt comme un être démoniaque rongé par la vengeance et la souffrance. Sur le chemin de sa quête existentielle, la mort épie sans relâche ses pas. À la nuit tombée, démons, esprits vengeurs et morts-vivants menacent constamment de l’emporter en enfer. Il aborde la marque. Ceux qui porte la cicatrice sont des sacrifices rampants, de la bonne chère pour les rois démons et leurs disciples. Sans équivoque, l’univers de Berserk se place sous l’égide de la destruction et du carnage. Bien que le personnage principal patauge de page en page dans la putridité du sang, il incarne lui-même la faucheuse revêtue de noir. Armé de son épée surdimensionnée, il sème le chaos autour de lui. Autrement dit, avec tout ce sang sur les mains et les champs de cadavres qu’il laisse dernière lui, il personnifie à lui seul le pire des diables.

Dans l’ensemble, l’intrigue de Berserk tourne autour de la fragile précarité de l’être humain. Des décennies de guerres rendent futile la vie humaine. L’homme n’est-il pas qu’un pion insignifiant sur le grand échiquier du destin? D’ailleurs, entres les mains des grands dirigeants, le simple soldat n’est-il pas prédestiné à mourir pour que son maître puisse asseoir son pouvoir? Menons-nous l’existence que l’on souhaite ou sommes-nous sous l’emprise d’une causalité inconsciente, d’une main divine tyrannique?

Dragon Ball 

dragon ball

La mort n’aura jamais été approchée avec autant d’humour. Il est vrai que la perte de personnages attachants se révèle néanmoins tragique, et ce dans n’importe quelle histoire, mais dans Dragon Ball, soyez certain qu’ils seront ressuscités dans les chapitres suivants. À noter, la plupart des héros meurent en moyenne une fois dans la série. De ce fait, le côté funeste de la mort devient beaucoup moins lourd. Si Sangoku ou Krilin perd la vie dans un combat, il y aura toujours les dragon balls pour les sauver.

De plus, le paradis est vu comme un genre de bureau administratif où chaque âme doit d’abord s’enregistrer. Cette amusante caricature du ciel donne éventuellement un côté jovial à la mort. Sans oublier que dans ce monde parallèle, les dieux également ne peuvent pas se soustraire à ce sombre châtiment. Raison de plus pour dénouer les nœuds funèbres entourant la mort. Toutes saveurs morbides et dramatiques que contient habituellement celle-ci s’effacent alors. Akira Toriyama se moque en quelque sorte de cette lugubre fatalité et lui appose un visage comique.

Sword Art Online

SAO

Rien de mieux qu’une longue escapade aux confins d’une réalité virtuelle féerique comme remède contre la mélancolie de l’existence. Dans Sword Art Online, une majorité de jeunes adolescents fuit la banalité de leur quotidien pour se réfugier sur internet. Par l’entremise de leurs avatars, ils convoitent les aventures les plus intrépides et les monstres les plus redoutables. L’engouement est si grand, qu’ils finissent par s’immerger complètement dans ce monde fabriqué. Ils en oublient leur identité propre et emprunte joyeusement celle de leur avatar. La vie n’a alors plus de raison d’être, sauf lorsqu’elle parle le langage des internets.

Ce qui est intéressant dans Sword Art Online, c’est que les joueurs se retrouvent prisonniers du jeu. Incapables de se déconnecter pour regagner le monde réel, ils peuvent également mourir comme dans la vraie vie. Il suffit d’une seule attaque de monstre ou celle d’un autre joueur pour que la mort frappe. L’unique moyen de se libérer de ces chaînes virtuelles est de terrasser le grand monstre final. La crainte de perdre la vie et la peur de demeurer à jamais enfermé dans ce monde irréel poussent alors les joueurs à s’entraider, à former des groupes armés pour survivre. En somme, l’adversité encourage grandement les comportements altruistes. En d’autres termes, la mort est le chemin qu’emprunte la vie pour se justifier.

2 thoughts on “La mort dans les séries d’animation japonaise

  1. Wow un sujet très existentiel!! La mort est-elle le plus grand ennemi de l’homme, ou plutot ce serait sont imcompréhension? Est-ce que toute les peurs que nous avons ne sont pas relier à cette image de fatalité que nous appelons la mort? Les bouddhistes conseillent de penser à la mort au moins 1 fois par jour comme ca quand ce sera le moment nous l’aurons apprivoisé!! Est-ce qu’on peu vraiment etre pret à mourir? Merci LittleSocrate!! :D

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