Joe et l’enfer de la drogue… ou League of legends

League of Legends est sans conteste l’un des jeux les plus populaires de l’heure, rivalisant avec les grands de l’industrie du jeu compétitif en ligne, qu’il s’agisse de jeux tels que Call of duty, Battlefield, Starcraft ou Counter Strike.

En effet, League of Legends a dépassé le cap des 32 millions de joueurs actifs il y a un peu plus de deux ans, et continue de gagner en popularité aux quatre coins du globe. À l’époque, c’était un peu plus de 3 millions de joueurs qui y jouaient dans un peu plus de 145 pays différents. Depuis ce temps, le jeu a continué de gagner en popularité mondialement auprès des communautés de joueurs casuels et professionnels. LoL est d’ailleurs l’un des grands de l’industrie du eSport, et cela ne semble pas être sur le point de changer.

Mon histoire avec ce jeu en est une d’amour et de haine. Autant je déteste ce jeu, autant je ne peux m’empêcher d’y jouer. Est-ce que les points positifs de ce jeu excusent son lot de points négatifs? Pourquoi est-il si populaire? Je vais vous faire part de mon histoire et de vous expliquer ce que j’en pense.

 

Mon introduction au monde du MOBA

C’est en novembre 2009 que j’ai été initié au monde du MOBA grâce à mes collègues de travail qui ne faisaient que parler de ce nouveau jeu. Je me disais qu’un jeu gratuit ne pouvait pas être si bon, qu’il devait bien y avoir une arnaque quelque part. Mais bon, sous la pression de mes confrères, j’ai décidé de donner une chance à Riot Games. Le jeu venait à peine de sortir de sa phase beta, et la majorité des joueurs étaient tout aussi néophytes que moi dans l’univers de Runeterra et de ses nombreux personnages.

Ma première partie était chaotique… un pur désastre. Je ne savais pas à quoi m’attendre, je ne savais pas ce que faisaient les objets que j’achetais et je faisais des tonnes d’erreurs stupides. Mais, rapidement, je me suis retrouvé à jouer à nouveau, et encore, ainsi qu’une autre partie et ainsi de suite. Au fil du temps, je croyais devenir meilleur avec le personnage qui m’avait momentanément accroché : Master Yi. J’adorais ce personnage pour sa capacité à frapper l’ennemi sans relâche à l’aide de son Alpha Strike et de son rythme d’attaques rapides et, du coup, je ne jouais que celui-ci 90% du temps. J’étais loin d’être le meilleur joueur, mais je me débrouillais, et j’aimais bien ce que je voyais. Au bout de quelques mois, j’embarquais dans l’aventure League of Legends, aux côtés de quelques millions de nouveaux joueurs.

 

Le début d’un investissement monétaire

Avant 2009, j’étais l’un des premiers à dire que payer à coups de micro-transactions pour un jeu étant annoncé comme complètement gratuit était une mauvaise idée et que jamais je ne m’y ferais prendre. League of Legends a malheureusement brisé cette façon de penser au bout de plusieurs mois.

Pour faire bref, le jeu possède deux devises pour acheter des trucs dans le jeu : les Influence Points et les Riot Points. En jouant, on gagne des points d’influence qui peuvent être utilisés pour débloquer de nouveaux personnages de façon permanente ou bien des runes permettant de changer nos statistiques de départ en cours de partie. Pour ce qui est des Riot Points, nous pouvons les utiliser à la fois pour débloquer des personnages ou bien pour acheter des skins (costumes) pour nos personnages favoris. Étant un grand fan de Master Yi, je me suis dit que je pouvais bien m’acheter ses costumes question de montrer mon appréciation pour celui-ci dans mes parties. Au bout de quelques semaines, j’avais mis un peu plus de cinquante dollars sur le jeu pour m’acheter personnages et costumes spéciaux… c’était le début de mon investissement monétaire.

Master Yi
Master Yi et son costume « Chosen Yi ». On dirait un Jedi, non?

Pendant ce temps, je continuais de grimper en niveau de conjurateur en achetant des runes de bas niveau. Une gaffe qui allait me coûter cher en fin de compte. Ce n’est qu’au bout d’une année de jeu que j’ai compris que ses quelques centaines de runes que j’avais achetées me seraient finalement inutiles, que seules les runes de dernier niveau en valent la peine. Mais bon, ce n’était pas grave! J’avais du plaisir, on s’en fou d’être le meilleur… non?

 

Frustration dans mon cercle d’amis

Comme je le disais un peu plus haut, j’étais du genre à me foutre complètement d’être le meilleur joueur à mes débuts. Je jouais le personnage qui me plaisait, en me foutant de ce que les autres avaient à dire. Pourvu que j’aille du plaisir, je continuais à faire à ma tête. Mais dans un jeu comme League of Legends, le travail d’équipe est une base TRÈS importante à respecter. Au bout de deux ans, j’ai atteint le point où mes amis et collègues de travail n’étaient plus capables d’endurer mon niveau de médiocrité. Je me souviendrai toujours du jour où mon ami Martin m’a annoncé que je devais « man-up » si je voulais continuer à jouer avec lui. Ces paroles avaient été les suivantes; « Bon… Joe, aujourd’hui tu vas jouer le rôle d’un AD Carry. Prend Corki, il est gratuit, puis suis mes instructions. Tout devrait bien aller, tu vas voir, t’es entre bonnes mains! »

Corki
Corki, dans toute sa splendeur

Et bien… il avait raison! J’ai suivi ses instructions, et j’ai eu le sentiment de dominer mon ennemi. Moi qui détestais jouer avec des personnages à distance,  j’avais adoré jouer Corki sous la gouverne de mes amis qui n’en pouvaient plus de me voir les empêcher de gagner. C’est à cet instant que j’ai compris qu’il était primordial pour moi d’en apprendre davantage sur le jeu et ses stratégies. J’ai commencé à apprendre sur l’importance d’acheter des objets me permettant de contrer l’équipe adverse, de placer des wards aux bons endroits sur la carte de jeu et, surtout, d’éviter de tomber dans les mêmes pièges à répétition. C’était un nouveau monde qui s’offrait à moi. Je gagnais beaucoup plus souvent, et je m’imprégnais de la connaissance des meilleurs joueurs pour influencer mes techniques de jeu.

 

Un renouveau, je crée un nouveau compte

Après avoir commencé à maîtriser le jeu et ses stratégies, je me suis rendu compte que j’avais fait plusieurs gaffes sur mon compte qui seraient irréversibles. Au lieu d’utiliser mes points d’influence intelligemment, j’avais acheté des tonnes de runes de bas niveau pour mes personnages en plus d’avoir utilisé une grande partie de ces points pour me procurer des personnages. Sans compter que, malgré mon nombre grandissant de victoires, j’avais un score de joueur très bas en raison de mon nombre énorme de défaites. Ma solution au problème? Recommencer à neuf!

Et c’est ce que j’ai fait, j’ai laissé de côté mon compte « Eustass Kid » pour me focaliser sur mon tout nouveau compte « Tamaire » qui avait été créé à l’époque pour rire et faire quelques conneries avec mes amis. Du coup, je jouais pour grimper aussi rapidement que possible de niveau et collecter autant de points d’influence qu’il m’était possible. J’évitais d’utiliser mes points sans raison valable et je continuais de les accumuler jusqu’à ce que je puisse commencer à m’acheter des runes de dernier niveau, offrant de meilleurs statistiques.

L'infâme magasin de Riot Games...
L’infâme magasin de Riot Games…

Et pour ce qui concerne les champions et leurs costumes? Et bien, j’achetais le tout directement de ma poche à coups de Riot Points. Un nouveau champion était disponible? On l’achète! Un nouveau costume que j’adorais pour un de mes personnages favoris? On l’achète! Bref… au courant des années qui ont suivi le changement de compte, j’ai mis BEAUCOUP d’argent sur ce jeu, probablement un peu plus de 500 dollars. Pour un jeu gratuit, on s’entend que c’est un énorme investissement monétaire de ma part que j’aurais pu mettre sur d’autres projets. Mais bon, je me suis investi dans ce jeu, aussi bien s’assurer d’entrer dans mon argent. Et c’est à ce moment que j’ai commencé à sombrer dans «l’enfer de la drogue»…

 

Un sevrage nécessaire, jeu toxique

Une fois que j’ai atteint la barre des 500 dollars dépensés sur le jeu, je me suis pris à ne jouer qu’à ce jeu. Ma Nintendo 3DS et ma Xbox 360 prenaient la poussière, je ne m’intéressais à aucun jeu pc, seul League of legends m’importait. Je pouvais passer 4 heures chaque soir à jouer, et je pouvais passer mes week–ends entiers à ne jouer qu’à celui-ci. J’avais la majorité des champions (il ne m’en manquait que 3 parmi plus d’une centaine), j’avais un niveau d’ELO équivalent à 1500 et je continuais de grimper dans le monde des matchs en classement. Lentement, mais sûrement.

Je prenais ce jeu à cœur… beaucoup trop à cœur. Chaque fois qu’un joueur était le moindrement toxique, je rageais. Chaque fois qu’un joueur perdait sa connexion internet pendant une partie, je rageais. Si un joueur était « la source » de ma défaite, je rageais. Si je faisais un «move» d’imbécile, je rageais. Si quelqu’un rageait, je rageais. Bref… ce jeu était malsain pour ma santé physique, mentale et émotionnelle. Je ne parlais que de celui-ci et ne pensait qu’à celui-ci, délaissant tout le reste pour me concentrer que sur ce jeu avec lequel j’avais une relation d’amour-haine TRÈS développée.

Le joe en pleine session de rage sur LoL.
Le joe en pleine session de rage sur LoL.

C’est au moment où les frictions affectaient ma relation avec mes amis et mon colocataire que je me suis rendu compte que je devais m’éloigner de ce jeu. Lorsque tu passes plus de temps à t’engueuler avec tes amis et que tu n’arrives plus à avoir du plaisir avec eux à cause d’un jeu vidéo, il est temps de se poser des questions et de changer ses priorités. Et c’est ce que j’ai fait. Du jour au lendemain, j’ai désinstallé League of legends et n’utiliserait plus celui-ci. Du moins, je comptais bien essayer.

Les premiers mois de mon sevrage ont été les plus difficiles. Mes amis, mes collègues de travail et mon colocataire continuaient de me parler du jeu et de ses nouveautés, tout en m’inciter à les joindre pour quelques parties, pour le plaisir. Chaque fois, je devais me forcer à ne pas installer le jeu de nouveau pour joindre leurs parties. Heureusement pour moi, car je serais facilement tombé dans la tentation et j’aurais terminé mon sevrage aussitôt. Les premiers jours passèrent, et puis les semaines, et puis les mois.

 

Une rechute dans le monde de la drogue

Je continuais à m’informer sur les grands tournois ainsi que sur les grandes nouveautés sans trop m’investir dans le sujet, profitant de mes autres jeux vidéo et retombant en amour avec ma passion pour les jeux de rôle sur table que j’avais trop longtemps laissé de côté pour Riot Games. C’est au bout de sept mois que l’envie de rejouer m’est revenue. À ce moment, j’avais installé le jeu à nouveau sans le démarrer. Une semaine plus tard, je faisais une partie de « ARAM », un mode de jeu simple et rapide que beaucoup de mes amis appréciaient. Je tentais d’éviter de tomber dans mes habitudes et ne jouais que deux parties par semaines. Et puis, au bout du neuvième mois… vint le Geekfest Québec, ce qui déclencha momentanément ma dépendance pour ce jeu.

Une petite partie d'ARAM? Pourquoi pas?
Une petite partie d’ARAM? Pourquoi pas?

GuizDP, youtubeur québécois principalement connu pour ses capsules « Le jeu, c’est sérieux », était au volant de la voiture qui faisait le voyage entre Montréal et Québec pour l’événement avec mon groupe. Pendant l’allée et le retour, nous parlions de League of legends. Un peu plus de quatre heures à discuter de nos personnages favoris, de stratégies et des façons de devenir un meilleur joueur. Avoir cette discussion avec celui-ci a été un élément clé de mon retour vers ce monde.

Aussitôt arrivé à Montréal après le GeekFest, j’ai fait la mise à jour mon jeu. Après avoir pris une douche et rangé mes trucs, j’étais devant mon ordinateur, prêt à me remettre à jour et à recommencer les parties en classement. Un retour dans le monde de la drogue. « Une seule partie, ça ne me fera pas de tord… » que je me disais. Tout comme un junkie qui prend une « toute petite dose » d’héroïne pour « se rappeler le bon vieux temps ».

 

Aujourd’hui, ma vision sur le jeu

Au bout du compte, toute cette histoire m’aura appris plusieurs choses. Premièrement, qu’il faut savoir doser ses passions et ne pas laisser de côté toutes les choses qu’on aime pour un seul truc. Deuxièmement, qu’il ne sert à rien de rager contre ses coéquipiers et de s’engueuler avec eux, une attitude positive apporte beaucoup plus à l’équipe que des insultes. Dernièrement, qu’il faut avoir du plaisir dans ce que l’on fait, que de tout prendre au sérieux ne fait qu’empirer les choses.

Long time no see, old friend.
Long time no see, old friend.

Avec ses trois règles, je me suis rendu compte que je suis redevenu en quelque sorte le joueur que j’étais au début. Quelqu’un qui avait un jeu compétitif avec lequel il passait un bon moment, accompagné de ses fidèles amis pour CASSER LA YEULE de ses ennemis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.