2 Juillet 1939… La première convention mondiale de science-fiction (a.k.a. WorldCon) a eu lieu à New York en conjonction avec l’exposition universelle de New York qui se trouvait à être au thème du « monde de demain ». 75 ans plus tard s’est déroulée la 72e édition du WorldCon à Londres l’automne dernier. WorldCon est un évènement dédié à la littérature de science-fiction, et c’est elle qui a lancé le bal des conventions et qui a développé le modèle utilisé aujourd’hui par des milliers d’autres évènements de différentes envergures. Ce qui est particulièrement fascinant est le fait que la communication à l’époque se faisait au travers de fanzines et de listes de distribution postales, on peut vraiment parler de old school ici!
Forest J. Ackerman, le premier « Cosplayer »
Pourquoi est-ce que je vous fais part de ce fait? Simplement parce que beaucoup d’entre vous ne connaissent pas les origines des conventions, ne savent pas qu’il y a un énorme héritage derrière ces dernières et qu’une bonne convention ne doit pas nécessairement ressembler à ce que l’on a pu voir des plus grosses telles que ComicCon ou FanExpo.
Dans le cercle des organisateurs de conventions, il y a deux principales catégories d’événements : les « Fan Run » et les « Pros ». Les événements « Fan Run » sont des événements comme le GeekFest (Montréal, Québec), ConBravo (Hamilton, Ontario), G-Anime (Gatineau, Québec) ou même Otakuthon (Montréal, Québec). Ces événements sont gérés par un organisme à but non lucratif (OBNL) et les membres de l’organisation travaillent bénévolement à tous les niveaux pour réaliser leur convention. Un bon exemple se trouve à être la première convention dédiée à Star Trek, organisée en janvier 1972, au Statler Hilton Hotel à New York, avec comme invité Gene Roddenberry (créateur de Star Trek), Isaac Asimov, et une multitude d’items provenant de la NASA. Les organisateurs s’attendaient à quelques 500 visiteurs, et se sont retrouvés avec 3000 faisant de cet événement la plus grande convention de science-fiction jusqu’à ce point dans l’histoire, battant du même fait n’importe quel chiffre atteint par la WorldCon à cette époque.
.Le feuillet de programmation de la première convention « Star Trek »
À la suite de ce succès retentissant, plusieurs promoteurs ont commencé à sentir le profit tel un Ferengi dans un nouveau marché vierge. Ils ont senti le profit et ont exploité le filon au point où à peu près chaque état américain avait au moins une convention Star Trek par année, certaines d’entre elles « Fan Run » et d’autres « Pros ». Malheureusement pour plusieurs, la compagnie événementielle Creation Entertainment a obtenu le contrat exclusif pour faire des conventions Star Trek « officielles » au cours des années 1990, créant du même coup des monstres de conventions avec une liste d’invités énorme, mais n’ayant aucune trace de l’âme communautaire qui a lancé la tradition. De par leur budget plus élevé, les conventions « Pros » vont souvent miser sur les invités de renom pour attirer le plus de gens possible à l’événement en plus de réserver une majorité de l’aire de l’événement à l’espace marchand (qui est beaucoup plus rentable). Tandis que les événements a but non lucratif vont miser sur un ou deux invités (souvent des auteurs ou des gens se trouvant plus du côté créatif), une salle de vendeur de bonne taille, mais qui ne prends pas une majorité de l’espace et l’offre d’une programmation diversifiée (panels, projections, activités).
Le poster promotionnel de la convention « officielle » de Las Vegas de 2012. Remarquez l’emphase mise sur les vedettes et la mention de grand espace pour les vendeurs. (Tout pour aller chercher votre portefeuille!)
C’était les fans clubs qui tenaient tout ce beau monde ensemble. Chaque semaine ou chaque mois, les fans se rassemblaient pour échanger à propos de leurs passions, imprimer et échanger des fanzines et publiciser le club au travers d’événements ou en laissant des feuillets sur les tableaux d’affichage des magasins spécialisés. Ces derniers ont-ils été remplacés par des forums, des groupes Facebook ou simplement par Tumblr? (D’ailleurs, on peut voir ce que ça donne quand Tumblr essaie d’organiser un événement. Il suffit de rechercher Dashcon). Le commercialisme l’a-t-il emporté sur l’esprit de communauté? Personnellement, je refuse de penser cela et continue de croire au besoin de rallier les geeks et les passionnées, d’ici et d’ailleurs, sous un même toit pour partager leurs passions. Et de le faire dans un environnement qui n’est pas dicté par l’argent, mais par le collectif en éternelle évolution que nous nous trouvons à former. Le devoir des conventions « communautaire » (pour franciser le terme « fan ») est désormais de s’adapter à ce collectif et de leur faire voir le bénéfice de sortir non seulement pour aller chercher un autographe d’un acteur, mais plutôt pour aller rencontrer et échanger avec les créateurs et acteurs de la communauté geek!
Et ça, mes chers lecteurs, c’est ce qui me motive à continuer de faire vivre un projet tel que le GeekFest!