Chronique Sci-Fi TV #1 : Babylon-5

« It was the dawn of the third age of mankind – ten years after the Earth-Minbari War.

The Babylon Project was a dream, given form. Its goal: to prevent another war, by creating a place where humans and aliens can work out their differences peacefully. It’s a port of call – home away from home – for diplomats, hustlers, entrepreneurs, and wanderers.

Humans and aliens, wrapped in two million, five hundred thousand tons of spinning metal . . . all alone in the night.

It can be a dangerous place, but it’s our last best hope for peace.

This is the story of the last of the Babylon stations. The year is 2258. The name of the place is Babylon 5. »

– Commandant Jeffrey Sinclair, générique, saison 1

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La station Babylon 5

Entre 1994 et 1998, mon imaginaire fut dominé par une station spatiale et son équipage qui ont, grâce à l’énergie de son auteur, le très coloré JMS (Joseph Michael Straczynski), transformé non seulement la philosophie de l’adolescent que j’étais encore, mais influencé mes talents de narration et d’écriture à un point qu’il m’est difficile d’expliquer.

J’ai décidé de créer cette chronique, la première d’une série où je parlerai des grandes (et moins grandes) séries de science-fiction qui ont meublé (et meublent encore) l’univers télévisuel. Et j’ai choisi, comme premier titre, l’opus central d’un auteur que je respecte au plus au point.

 

BABYLON 5 : Un jeu politique

Nous sommes en 2258 et l’humanité se remet d’une grande guerre qui a failli la décimer. L’arrogance typique de l’humanité leur a donné une impression d’invincibilité, illusion qui s’est rapidement effondrée devant des ennemis avec une technologie hautement supérieure. Dans le but d’éviter un nouveau conflit galactique, les représentants terriens invitent leurs homologues d’autres planètes dans un secteur neutre afin d’y créer un conseil, capable de gérer les conflits à une échelle jamais égalée. Une initiative humaine. Nombreux sont les peuples qui s’y joignent, chacun espérant tirer son épingle du jeu.

L’humanité en prend la responsabilité, peut-être parce qu’ils craignent encore de faire confiance aux peuples d’ailleurs. Un gouvernement militaire y est installé, pour la sécurité de tous, et son chef, gouverneur de la station, reçoit ses ordres de l’état-major directement. Il siège aussi comme repré  sentant terrestre sur le Conseil de Babylone.

Centauri - Londo Mollari
Centauri – Londo Mollari (Peter Jurasik)

Les Centauris sont les premiers à embrasser le mouvement, espérant récupérer un peu de leur influence perdue au fil des guerres contre les autres peuples. Ou peut-être n’y accordent-ils que peu d’importance puisque, après tout, ils sont le Lion de la galaxie, et nombreux ressassent encore les souvenirs du glorieux passé de la République, à l’époque où de nombreuses colonies étaient sous leur joug.

Narn - Gkar
Narn – Ambassadeur G’Kar (Andreas Katsulas)

Les Narns, ayant vécu sous l’influence des Centauris pendant près d’un siècle avant leur indépendance, ont soif d’expansion et de vengeance. Ils entendent bien ne plus jamais être soumis et, pour cela, ils sont prêts à toutes les alliances. Un siècle d’évolution forcée a formé un caractère rude et prêt au combat.

 

 

Minbari - Delenn
Minbari – Delenn (Mira Furlan)

Les Minbaris se doivent d’y être, pour des raisons qu’ils sont les seuls à savoir. Après avoir presque exterminé l’humanité, à deux doigts de la victoire, ils ont capitulé en orbite autour de la planète bleue. Et voilà que, pour leur participation dans le grand projet,ils demandent un droit de regard sur la nomination du gouverneur. Il est à peu près impossible de le leur refuser, d’autant plus que leur société à trois castes (religieux, travailleurs, guerriers) a fait ses preuves.

De nombreuses autres races aux sphères d’influence plus étroites se joignent aussi au projet. Les Gaims, les Pakmaras, les Drazis, les Markabs, combien d’autres; tous veulent avoir une voie sur le conseil galactique, et unissent celles-ci pour représenter leurs intérêts communs. Ils ne veulent plus subir le joug de quiconque, Centauri ou Narn.

Le mystère n’est qu’augmenté lorsque l’énigmatique race des Vorlons promet d’envoyer un ambassadeur à la station. Quels secrets cache ce peuple dont personne n’a jamais pu franchir les frontières?

C’est dans cette trame politique que les héros de la série, entre autres le commandant Jeffrey Sinclair et le capitaine John Sheridan, devront évoluer afin de faire régner l’ordre et la paix sur la station et, par extension, la galaxie.

 

Structure Narrative

Comme de nombreuses séries de cette époque (et encore aujourd’hui), Babylon 5 est bâtie avec des trames épisodiques. Chaque saison comporte 22 ou 23 épisodes. La particularité du scénario, et ce qui le distingue des autres séries, est que son scénario complet (les cinq saisons) étaient élaborées avant même que la série ne soit en production. JMS savait presque exactement où il voulait mener son histoire. Ainsi, des éléments introduits dans la première saison l’ont été uniquement parce que l’auteur savait que ceux-ci joueraient un rôle important dans la continuité.

Captain John Sheridan
Captain John Sheridan (Bruce Boxleitner)

 

Alors que la vie de tous les jours (quand même mouvementée) occupe les employés de la station, autour d’eux, l’univers évolue. La politique galactique prend de plus en plus de place dans leurs vies et les personnages ne peuvent rester neutres face aux changements qui se présagent. Chaque ambassadeur a son agenda, et chaque faction a des buts parfois clairs, parfois confus. Chaque personnage approche sa réalité de façon unique, et les individus entrent constamment en conflit pour des pacotilles, ou pour le destin de tous les peuples.

 

 

Chaque choix pris par les personnages a le potentiel d’avoir un impact profond sur le long terme, et c’est ce qui rend cette série tout-à-fait palpitante. Rien n’est laissé au hasard, et toutes les décisions prises par l’auteur démontrent qu’il sait parfaitement où il veut diriger son histoire. La trame plus grande que nature s’impose à la fin, et transforme la série du début à la fin.

 

Michael Garibaldi
Michael Garibaldi (Jerry Doyle)

Le Look

La série, produite au milieu des années 90, bénéficiait des effets spéciaux de l’époque, très bien représentés certes, mais pas à la hauteur de ce qui se fait de nos jours. Les vaisseaux spatiaux, autant que l’espace ou l’hyper-espace, ont un look bien unique, et on retrouve quand même des designs très prenants.

Par contre, la série s’illustre par ses décors (la station semble réellement habitée par 250 000 individus de toutes espèces, et on y croit facilement) autant que ses costumes, tous aussi superbes les uns que les autres. L’humanité ne se promène pas en pyjama (désolé, Star Trek) et les vêtements sont utilitaires et élégants, adaptés aux différentes races autant qu’à leur rôle dans leurs sociétés respectivies, avec un souci de continuité à cet effet. Et que dire des maquillages superbes qui ne vont qu’en s’améliorant. On voit bien que, dans le début de la première saison, les maquilleurs effectuaient des tests autant que les scénaristes, mais encore une fois le souci du détail nous laisse souvent pantois, quand on prend le temps de s’y attarder.

 

Accolades

Son auteur, JMS, a été récipiendaire du prix Bradbury en 1999.

L’épisode « The Coming of Shadows » de la deuxième saison a gagné le prix Hugo pour meilleur scénario de l’année.

Les épisodes « Severed Dreams » (3e saison) et « Sleeping in Light » (5e saison) ont respectivement remporté les prix pour la meilleure présentation dramatique.

L’équipe de maquillage a remportéle Primetime Emmy dans sa catégorie, en 1994, et ont également été nominés en 1995 et 1997.

En 1999, la série a remporté le Saturn Award pour la meilleure série de son genre (Cable/Syndicated).

En 1996, Sci-Fi Universe Magazine a décerné le Universe Reader’s Choice Award à la série elle-même, ainsi qu’à plusieurs de ses acteurs : Bruce Boxleitner, Mira Furlan, Peter Jurasik. Ils ont également reçu le prix des effets spéciaux cette même année.

Vaisseau Vorlon en pleine action

 

Recommendation

Pour les fans de sci-fi intelligente qui porte à réflexion, pour ceux qui aiment voir des personnages évoluer sur de longues séances et qui apprécient les subtilités du jeu politique, à peine voilé parfois, la série vous intéressera. JMS est un conteur hors-pair qui sait présenter des histoires captivantes sans tomber dans l’excès. Ses personnages sont crédibles, et le jeu des acteurs le rend bien.

J’ai débuté cette série de chroniques par Babylon-5 parce que cette série représente le summum de la sci-fi de qualité qui contient tous les éléments typique du style et les représente avec brio. Si vous prenez le temps de vous y attarder et d’en apprécier les nuances, je crois que vous n’en serez pas déçu. Je vous la recommande fortement.

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