Avis préliminaire : Constantine, une nouvelle série

En juin 1985, Alan Moore nous présente un récit dans Swamp Thing no 37, mettant en vSwamp Thing 37edette un magicien qui vient en aide au défenseur de la nature. John Constantine fait sa première apparition, et rien ne laisse alors présager que ce détective mystique – cet être aussi bien admiré que stigmatisé tant par ses ennemis que par ses alliés – va un jour prendre la première place sur scène.

En 1987, Hellblazer no 1 lui donne forme sous la plume de Jamie Delano, qui greffe enfin de la chair sur le squelette du personnage, de la chair un peu grise. Car Constantine n’est pas un héros… Il n’est même pas vraiment un antihéros. C’est un égocentrique, un fumeur, un salaud détestable, et surtout un gars qui n’a plus rien à perdre – sauf sa propre âme. C’est un individu qui se sert de ses dons magiques pour régler des problèmes que d’autres ignoreraient, mais ses méthodes ne font pas l’unanimité. Il ne se gêne pas pour mettre des innocents en danger (les innocents, ça n’existe pas vraiment de toute manière). Il veut qu’on le laisse tranquille, mais un homme de sa trempe et de sa réputation n’est pas laissé à lui-même très longtemps.

La série Hellblazer aura duré 300 épisodes sous l’enseigne Vertigo, jusqu’en 2013, quand le personnage fait officiellement la transition vers l’univers de DC Comics et du New 52.

 

VERS LE PETIT ÉCRAN

On débute avec John Constantine dans un asile. Il s’y est volontairement rendu. Il cherche à oublier ce qu’il sait, mais ce qu’il sait ne l’oublie pas. Il est convoqué pour aider la fille de son ancien allié, Jasper Winters (le Baron Winters?) Elle est traquée par un démon, et Constantine lui vient en aide avec son ami Chas (qui meurt violemment pour revenir plus tard comme si rien ne s’était passé). Un ange semble assurer la surveillance de Constantine et tente de l’aiguiller dans la bonne direction, sans pour autant rien présenter clairement. Constantine consulte un allié occulte avec qui il a eu des difficultés. Finalement, il tend un piège au démon; ce dernier tente de manipuler Constantine, mais le magicien se montre plus fin stratège. La fille est sauvée, mais elle quitte les lieux, non sans laisser une carte de manifestations occultes partout en Amérique du Nord.

Qui est Constantine dans cette histoire? Un magicien qui n’a pas envie de l’être, mais qui n’en a pas le choix. Un homme qui paie ses dettes. Il ne coupe pas les cheveux en quatre. Quand il rencontre la ‘victime’, il ne lésine pas sur les mots, ne se gêne pas pour lui servir sa salade sans vinaigrette, et ne la prend pas par la main lorsqu’elle panique. Il la laisse faire ses expériences et apprendre. Je paraphrase :

« Si tu n’es pas encore confuse, c’est que tu n’as pas bien porté attention. »Matt-Ryan-in-Constantine-650x359

Chas conduit son taxi et emmène Constantine là où il doit aller. Il parle peu. On le voit empalé par un fil électrique, uniquement pour le retrouver sain et sauf dans le repaire secret plus tard. Affaire à suivre. C’est un combattant, et on le sent honorable. Il n’a clairement pas peur du danger.

Manny est un ange qui joue dans l’ombre de Constantine et tente subtilement de le guider dans la bonne voie, du moins, c’est ce qui paraît. Reste à savoir quel but il sert. Est-il agent libre ou soldat dans l’armée céleste?

On a Liv Aberdine, la fille de Winters, qui a hérité de son don de voyance. C’est elle que Constantine doit sauver; elle qui n’apparaîtra que dans cet épisode et remettra à Constantine la carte, l’outil, dont il se servira pour continuer ses enquêtes.

Ritchie Simpson est un jeune technogeek spécialiste en recherche occulte. Son amour pour la chose est mitigé par son dégoût de Constantine et des horreurs qu’il a survécu à ses côtés.

 

SUR UN TON GLAUQUE ET TROUBLANT

La série ne se gêne pas dans l’utilisation des images traditionnelles de l’horreur. Jeux d’ombres, insectes rampants, changements d’éclairage dus à une présence surnaturelle. On y retrouve des cercles de sel, des symboles mystiques, des amulettes, des flammes, des fantômes, le temps qui ralentit ou fige, et tout le bataclan habituel. Il est quand même habilement présenté.

L’histoire n’impressionne pas, mais elle ne déçoit pas non plus. La série doit débuter quelque part, alors autant le faire simplement, avec une mission de protection qui présage de plus grandes choses. Une menace sournoise, à long terme, capable d’habiter la saison au complet!

Le jeu des acteurs est intéressant. Ils ne sont pas encore bien campés dans leurs rôles; Constantine est peut-être un peu trop bon, ou peut-être pas assez. Chose certaine, il se rend désagréable, mais pas au point de se faire détester. On le trouve même sympathique dans son impatience à vouloir tout régler pour passer à autre chose. L’ange Manny détonne avec son air éthéré. Il est dommage que l’actrice qui joue Liv ne continue pas, car elle paraissait prometteuse.

J’ai plutôt hâte de voir dans quels bourbiers mystiques Constantine va s’enliser, et quel genre de solutions à la fois traumatisantes et totalement insensées il va recourir. La série doit prendre son rythme – en espérant qu’on ne nous donne pas le « monster-of-the-week » ou un clone de la série Supernatural.

 

ET ILS NOUS DONNERONT DES « EASTER EGGS »

Il y en a plein. Fan service galore. Lnbc-s-constantine-includes-dr-fate-s-helmete heaume de Doctor Fate est en évidence, mais il y en a tellement, et des présages. Il faut espérer que les auteurs sauront bien s’en servir (ou ne pas le faire, selon la situation).

Prenez la peine de les trouver, si vous osez! Bonne chance, parce que nombre d’eux sont soit subtils soit si obscurs que seuls les obsédés du magicien pourront les identifier.

Au détour, je vous dirais d’apprécier Constantine, et d’espérer que la trame que nous donneront ses auteurs sera à la hauteur du personnage. Keanu Reeves avait, en 2005, rendu une interprétation somme toute très respectable. Je donne la chance à Matt Ryan de faire de même.

 

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