Chacun de nous a déjà eu une réflexion similaire sur le passé. Qu’est-ce que j’aurais fait de différent dans mes dernières années du lycée si j’avais mes expériences adultes? Auriez-vous participé plus à la vie scolaire que vous avez abandonnée dans votre jeunesse? Est-ce que vous auriez fréquenté des gens différents? Est-ce que vous auriez respecté plus vos enseignants maintenant que vous comprenez leur situation? Peut-être que vous auriez aidé cette personne qui n’est pas capable de s’intégrer, à s’exprimer, qui ne sait pas ce qu’il veut faire de son avenir ou tout simplement les encourager dans leur projet. Je n’ai jamais eu accès à une très bonne orientation dans ma jeunesse. J’ai passé un certain nombre d’années à douter de la voie que je prenais. J’ai perdu quelques années au collège avec cette indécision.
Aujourd’hui, je suis programmeur comme j’avais planifié. J’aime bien mon travail et je m’entends très bien avec mes collègues. Ceci dit, je n’ai pas toujours été la personne sociale et motivée que je suis aujourd’hui. J’aurais aimé avoir un ami mature et plein de sagesse pour m’encourager. Plusieurs personnes n’ont pas eu la chance de trouver ce qu’ils veulent devenir. Ils n’ont pas les ressources, l’argent, l’accès et les bonnes connaissances pour accéder à leurs rêves et ce qui les allume. Certains se réveillent dans la trentaine ou la quarantaine et remarquent qu’ils ont passé à côté de biens des choses qu’ils auraient dû faire. Le manga que je propose aujourd’hui m’a fait réfléchir sur plusieurs de ces points mentionnés.
En ce mardi de printemps, je lis le manga intitulé « ReLIFE ».
Exposition
Écrit et illustré par Sō Yayoi, jeune mangaka japonaise, ReLIFE est un manga de type drame et romance publié pour la démographique Seinen (l’audience serait des adolescents jusqu’aux jeunes adultes). Comme plusieurs œuvres japonaises de ce genre, la mise en scène se passe dans un lycée. La différence des autres de ce genre serait que le héros est un jeune homme de 27 ans qui se déguise en étudiant. Grâce à un programme secret créé par une firme privée : le « ReLIFE », Kaizaki Arata, sans emploi, se voit offrir une chance de retourner à la dernière année du lycée pour revivre celle-ci et l’aider à regagner de la confiance pour retourner dans le monde des adultes. Arata avale une pilule qui le fait rajeunir, et rejoindra de jeunes étudiants qui préparent leur avenir suivi de près par son observateur désigné par la firme lui aussi rajeuni.
Plusieurs d’entre vous, chers lecteurs doivent se dirent : « ah non, un autre qui se passe à l’école avec un petit twist… ». Plusieurs de ce genre abordent les mêmes thèmes et scénarios. Par exemple, des mangas pour filles (le shoujo) avec des héroïnes qui ont une apparence médiocre et un manque d’estime de soi, mais qui est gentille, généreuse et qui arrose les plantes de la classe tous les matins. Elle se retrouve dans une romance avec le plus beau garçon de l’école où elle doit surmonter son manque d’estime de soi et endurer les violences de la fille populaire et de ses hommes de main qui avait un béguin pour le gars en question. Un autre exemple typique pourrait être ce genre de comédie romantique avec un héros et son harem de filles dont on ne comprend pas pourquoi elles sont attirées par lui. Vous avez peut-être déjà lu ce genre de récit minimum 2 fois. Des scénarios qui ne peuvent arriver que dans notre imagination et dans les romans-savons. C’est un modèle de base où tu remplaces les noms et les conceptions des personnages et rajoutes peut-être un brin de fantaisie comme une fée ou un extra-terrestre qui accompagne les protagonistes. Après avoir lu une tonne de ces cartons de lait, tu comprends que ces personnages sont irréels et servent à combler une fantaisie. Je peux éteindre mon cerveau et me dire que tout est noir et blanc dans cet univers. Alors, pourquoi je prends le temps de vous parler d’un manga qui pourrait avoir le même genre de modèle? Dans cette œuvre, nous retrouvons des personnages qui sont, selon moi, réels. Je parle de personnages avec des inquiétudes de la vie courante, des traumatismes que je peux comprendre, des problèmes de société bien identifiés et des gens avec des émotions compliqués dont les actions restent vraies à leur personnalité.
De ce fait, laissez-moi vous dresser un portrait de tous les personnages qui sont nommés par des stations de trains dans la préfecture de Ōita au Japon. C’est une façon de trouver des noms originaux je dirais.
Les personnages
Kaizaiki Arata : participant du programme « ReLIFE » et jeune adulte de 27 ans. À cause d’un traumatisme causé par son premier emploi, il est incapable de se faire embaucher dans son domaine. Pendant sa participation au programme, il se mêle aux problèmes de ses camarades de classe et offre une résolution avec des conseils basés sur son expérience et d’une sagesse qui ne vient pas d’un adolescent de 17 ans (ce qui est souvent pointé par les autres personnages du récit). Arata est peint comme un personnage empathique et avec de fortes valeurs. Ceci sonne comme un personnage générique, mais il nous gagne avec ses mauvaises habitudes qu’il garde de sa vie adulte comme la cigarette, le frigidaire rempli de bière et oublier de se préparer pour l’école et couler ses examens du trimestre parce qu’il ne se rappelle pas de la matière de 10 ans dans le passé. Le traumatisme lié à son problème d’embauche est croyable. Une personne atteinte de trouble de stress post-traumatique ne peut pas surmonter cela en seulement quelque mois. C’est un problème qui nous suivra tout le long de notre vie. Souvent, la solution est d’avoir les bonnes personnes avec toi qui vont t’aider avec ce stress et qui vont t’écouter. Arata est un personnage plein de compassion qui veut aider les autres, non parce qu’il est tout simplement gentil et serviable, mais qu’il veut prévenir aux autres ce qui lui est arrivé à lui et son ancien collègue et ainsi avoir l’espoir de trouver la paix intérieure qu’il recherche. Comment peut-il avoir une personne pour l’écouter dans ses problèmes adultes quand tous les autres sont des adolescents qui ne doivent pas savoir qu’il est plus âgé qu’il en a l’air? Vient alors son observateur taquin qui connaît ses problèmes et qui, par hasard, porte lui-même une cicatrice.
Ryo Yoake : employé de la firme ReLIFE avec un âge inconnu, il est l’observateur désigné d’Arata. Sa mission est de faire en sorte que l’expérience soit un succès et que son sujet vive le meilleur du programme. Le manga est divisé par deux narrations : celle du personnage principal et des rapports d’observation de Yoake. Il est le semi-narrateur de l’histoire. Il taquine beaucoup Arata avec sa vie amoureuse. Puisque les deux sont entourés de jolies jeunes filles, il l’incite à ne pas toucher aux fleurs. Ce qui entraîne l’embarras chez Arata sur le sujet tabou de sortir avec des filles de 10 ans plus jeunes et en dessous de 18 ans. Il est toujours là avec son petit sourire mesquin, mais il ne veut pas admettre qu’il veille sur lui et qu’il veut vraiment l’aider. Il a des regrets envers un sujet d’une expérience « ReLIFE » passée. À cause de son échec, il est désespéré de faire d’Arata un succès. Arata est une lumière d’espoir pour lui, il dépend de lui plus qu’il veut l’admettre. C’est un aspect important de son personnage. Il veut paraître comme l’observateur parfait aux yeux des autres, mais il sait qu’Arata est un outil, mais il est déchiré par le fait d’être une personne qui profite de lui pour l’aider à réparer ses erreurs. Son succès et son avenir dépendent de son sujet et de ce qu’il apporte aux jeunes autour de lui. Comme le prochain personnage important de cette série.
Chizuru Hishiro : Étudiante de dernière année âgée de 17 ans, Hishiro est première de classe, mais n’a aucune compétence sociale. Elle n’est pas capable de montrer ses émotions ni de les comprendre et encore moins de comprendre celles des autres. Ici, nous avons un personnage que les lecteurs auront de la misère à croire au début. C’est lorsqu’elle commence à s’ouvrir progressivement à Arata et aux amies qu’elle gagnera par son aide que le lecteur pourra voir son potentiel. Elle n’a pas peur de perdre ceux qu’elle aime, mais de les gagner. C’est une difficulté pour certains de ressentir des choses que nous ne sommes pas habitués d’avoir. Elle vit dans son cercle qu’elle comprend, mais elle sait à propos de ses limites et veut changer, mais, lorsqu’on ne sait pas comment et que personne ne nous donne la poussée, on se retrouve à remettre ce plan au lendemain et arrive le jour où l’on ne peut plus revenir en arrière. Notre personnalité a appris à vivre seule et retirée de la société. Une révélation plus tard aussi nous donne le pourquoi de sa situation. Au long du récit, Hishiro ressent de nouvelles choses, est comprise par ses amis, surtout les plus opposés à sa personnalité. C’est-à-dire, une personne plus émotive comme le prochain personnage intéressant.
Rena Kariu : Aussi étudiante de dernière année âgée de 17 ans, Kariu est la seconde de classe chez les filles et elle est la rivale et plus tard aussi amie de Hishiro. Kariu est la plus émotive du groupe et montre beaucoup d’inquiétude à son avenir. Elle pense qu’elle n’en fait jamais assez et ceci lui donne un complexe. Elle est la source de beaucoup de problèmes durant le récit. Elle devient frustrée lorsqu’elle se fait battre académiquement et en sport. Naturellement, avec les malentendus sur Hishiro parce qu’elle ne peut pas bien montrer ses intentions, Kariu va penser que les gens veulent du mal d’elle ou veulent la rabaisser. Elle commet une action qui aurait eu des répercussions sur la vie étudiante des autres si Arata n’était pas intervenue. Ici, personne ne commence avec des mauvaises intentions. L’auteur voulait dévoiler un personnage qui n’est pas en contrôle de ses émotions et dont le réflexe d’écouter la personne n’est pas son point fort. Une autre bonne chose que le récit fait est de donner une évolution aux personnages, de les faire traverser des événements qui les font visiblement grandir. Kariu reçoit beaucoup d’aide d’Arata et de ses amies, mais c’est par ses propres efforts qu’elle réussit à aller jusqu’au bout. C’est bien de dire à quelqu’un qu’il faut confronter la personne qui nous a fait du tort, mais c’est à la personne de la confronter avec son courage et la patience d’écouter. Les amis peuvent te pousser à confesser ton amour, mais, en fin de compte, c’est toi qui dois avoir le courage de révéler à la personne tes sentiments. Kariu est courageuse et fière, mais elle a besoin de petits conseils et de directives. Plusieurs lecteurs n’aimeront pas son attitude au début, mais vous serez comblé par ses forces plus tard, je vous le garantis.
Il y a plein d’autres personnages que j’aimerais aborder, mais je vous les laisse les découvrir.
Le déroulement
Le récit est divisé en arc comme plusieurs manga. Chaque arc donne une évolution visible à chaque personnage. Un problème se développe avec des personnages clés, Arata et d’autres personnages s’en mêlent un peu et le problème qui est proprement résolu nous donne des leçons humaines et de compréhension. Arata n’intervient jamais directement. Il est souvent un observateur et un gars qui donne de bons conseils. Parfois, son trauma le fige et lui donne des sueurs froides devant les autres. C’est là qu’on remarque que le héros est aussi fragile que les autres. Ce trauma lui donne les bons mots pour persuader les jeunes à faire face à leurs problèmes. Le déroulement semble lent. Mais vous remarquerez que l’auteur prend son temps pour démontrer et pour décrire visuellement les émotions que les personnages ressentent à un moment précis. Il y a beaucoup d’espace et ils sont énormes. L’auteur veut que le lecteur digère le moment et elle essaie de ne pas mettre trop de dialogues dans chaque page. Chaque personnage a une voix intérieure qui montre ce qu’il peut penser vraiment lorsqu’il parle à l’autre. Des fois remplis de regrets de ce qu’ils disent ou pour cacher quelque chose que nous, les lecteurs, nous découvrons, mais pas les personnages du récit. J’adore ce genre d’exposition, ceci enrichit les personnages et nous aide à sympathiser.
Comme vous l’avez entendu plus tôt, ceci comporte des éléments romantiques. L’amour innocent de deux camarades de classe, Kariu et Ohga et l’impact sur leur vie et sur leur psychologie avant et après qu’ils sortent ensemble. Il y a aussi l’amour impossible entre Arata et Hishiro déguisé par un secret que Yoake et Onoya An cachent. J’ai un gros faible pour ces petites histoires.
Devenir un adulte
Beaucoup de gens vous diront que l’adolescence est un moment dur à passer. C’est quand la jeune fille et les jeunes garçons se développent en la personne qui seront plus tard. Dans la société d’aujourd’hui, je dirais que c’est le début de la vie adulte qui est la plus difficile. Dès que vous sortez de la protection de l’école et des parents, c’est une piscine remplie de requins qui vous attendent. Les gens se permettent des choses et font plusieurs erreurs qui ont un gros impact sur leur réputation envers les autres qui ne sont pas tes amis. C’est beau de se dire que c’est des inconnus, mais lorsqu’il faut commencer au bas de l’échelle, il faut montrer que l’on peut apporter quelque chose, un profit, un réconfort, une aide sérieuse, bref, montrer que l’on peut fonctionner dans la société. L’école ne t’enseigne pas l’importance de comprendre ce que les gens attendent de toi. Tu ne peux pas apprendre à propos de ton importance juste en écoutant et en apprenant la matière écrite au tableau.
Les orienteurs te répètent souvent «Tu dois te faire des connaissances, avoir des contacts dans l’industrie et tu pourras te faire embaucher comme tu veux ». Ensuite, ils te regardent avec un sourire et te donnent le sentiment que tout va bien aller. Voilà le problème, ce n’est pas donné à tous d’être social, d’être motivé, d’être capable de parler de manière éloquente ou juste de se mettre dans les souliers des autres. Ce n’est pas acquis à tout le monde d’être l’employé parfait. Les gens doivent recevoir une chance pour ensuite se prouver. Le début de la vie adulte est un moment très difficile de notre vie où l’on doit prouver aux générations avant nous que nous ne sommes plus des enfants.
Conclusion
Qui peut dire aux jeunes ce qui est important en tant qu’adulte? Pas juste leur faire des promesses que tout ira bien en leur donnant une recette. Pas en leur donnant la frousse en disant qu’ils n’iront nulle part ou ne seront jamais riches à moins de faire des études en science et de devenir médecin ou ingénieur. Pourquoi est-ce que c’est si dur de nous guider sur la bonne voie dans la société que ces adultes ont soi-disant créée pour la relève? Si vous étiez dans la situation d’Arata, dans une position où tes camarades de classe croient que tu es juste un jeune avec un peu plus de sagesse et ils pensent que tu es des leurs, est-ce que tu les aiderais à définir ce qu’ils vont devenir et à se préparer aux défis de demain?
C’est pourquoi je recommande fortement ce manga qui était autrefois un web comique. J’aime les mangas avec des personnages bien développés et une histoire et son thème qui me font réfléchir et me pose les bonnes questions.
PS : Une série animée est en production pour ceux qui veulent voir les personnages venir en vie dans leur écran.
https://www.youtube.com/watch?v=SGdyFGlHJHQ