Le jour où un jeu nous a empêché de dormir

Pas le jeu comme tel, mais l’impact qu’il a eu sur mon mini moi. Je vous explique.

Il y a quelques semaines, j’ai été confrontée à un événement assez fâcheux. Fiston revient de l’école. Routine du soir : souper, bain, décompression et dodo. Par contre, pour une rare fois, il y a un bogue : il refuse catégoriquement d’aller dormir. Il a peur. Peur de quoi, gamin? Il m’explique qu’aujourd’hui, à l’école, dans le local d’informatique, il a vu un jeu qui fait peur. Un ami d’un niveau de classe plus élevé aurait accédé à un jeu pour grands qui fait peur. Étant moi-même un peu peureuse, je comprends que mon fils de 6 ans ait pu être choqué. Par contre, je le connais, mon gars, il a tendance à jouer la comédie quand ça l’arrange. Je fais quand même ma job de mère et le questionne : de quoi avait l’air le jeu? C’était quoi, les personnages, l’histoire, le décor?

Il faisait noir, puis c’était dans une chambre. Il y avait un toutou sur le lit, puis des bruits. Il y avait une lampe de poche, et il fallait regarder à travers les portes. Puis, à un moment donné, bien, il y a un robot nounours avec de grosses dents qui nous fait peur et qui crie. Après, il y avait du sang partout.

Sa petite voix craque à la dernière phrase. Ses bras tremblent et ses yeux se brouillent. Moi, dans mon coeur de fille chicken à l’os, je fais un petit pipi nerveux dans ma tête. L’enfant rajoute :

Le bonhomme, il s’appelle Freddy, je pense.

C’est ainsi que j’ai su que mon fils de niveau préscolaire avait été confronté, dans le cadre de surveillance du service de garde, lors d’une activité libre au local d’informatique de son école primaire, à son premier jeu d’épouvante : Five nights at Freddy’s. Inutile de dire que je n’étais pas contente, pas du tout.

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Super ambiance, si?

Je tente de consoler et de rassurer mon petit qui, malgré qu’il s’était couché à 19 h, ne s’est pas endormi avant 22 h 30. Pleurs, tremblements, hurlements quand le chat passait par sa porte… Nous, les mamans, on a un énième sens qui vient avec la maternité, qui consiste à savoir quand notre progéniture joue la comédie. Dans le cas de ce soir-là, croyez-moi, c’était un festival de l’horreur psychologique. Je ne riais pas pour deux sous.

Le lendemain, je fais deux ou trois petites recherches à propos du jeu, histoire de discuter avec les éducatrices. Je découvre alors que Five Nights at Freddy’s est une franchise disponible sur plusieurs plateformes, autant sur ordinateur que sur consoles portables et appareils intelligents. Il est habituellement coté 13 ans et plus, pour cause de violence animée, et est qualifié de thriller psychologique. Sachant que l’imaginaire est le meilleur atout des enfants, mais aussi leur pire ennemi, il n’en faut pas plus pour faire la mathématique et comprendre que ce n’est pas le jeu le mieux adapté à un jeune public.

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Le soir, je vais donc chercher mon fils et discute avec l »éducatrice du service de garde. J’apprends que c’est elle qui surveillait le local lors de l’incident de la veille, alors je discute poliment avec elle et lui pose quelques questions à propos d’un ami de l’école qui aurait voulu jouer à un nouveau jeu. Elle me répond mot pour mot que oui, les enfants voulaient jouer à un jeu « qui se passe dans le noir et où il y a des toutous qui se cachent pour faire peur », pour reprendre leurs mots exacts.

C’est là qu’on se rend compte qu’un enfant, ce n’est pas con. Quand ça sait qu’il est dans l’interdit, ça s’arrange pour ne pas se faire pogner.

J’acquiesce donc et lui demande si elle a vu le jeu ou fait de recherches avant d’autoriser les enfants à jouer. On lui aurait montré le début, soit quand le joueur est dans la chambre et qu’il y a la peluche sur le lit qui fait « pouet ». L’éducatrice n’aurait donc rien trouvé d’anormal et aurait donné son feu vert aux enfants. Je sors alors mon téléphone où j’avais préalablement ouvert le let’s play de FNAF4 réalisé par Markiplier, au moment où il se fait ramasser par un des animatronics du jeu, et laisse l’éducatrice constater sa gaffe.

markiplierElle lève les yeux et m’affirme qu’elle n’avait pas vu cette partie-là. Bizarre, la face lui a changé un peu. Je lui explique calmement que les enfants sont assez cachottiers avec les jeux vidéo et que, vu ce qui sort sur le marché ces temps-ci, elle et son équipe devraient être plus vigilantes. On ne veut pas que la moitié du groupe se retrouve à faire de l’insomnie parce qu’un enfant a des parents assez irresponsables pour ne pas l’éduquer sur les conséquences de posséder et de distribuer l’accès à un jeu ou à un média qui n’est définitivement pas adapté pour le public, soit les élèves d’une école primaire. De plus, les jeux personnels et les consoles (j’inclus ici les autres plateformes comme les téléphones, iPhones et autres) sont interdits dans la majorité des écoles primaires – et de toute façon, ça sert à quoi, qu’ils aient ces affaires-là, à leur âge? Mais ça, c’est peut-être moi. (Après tout, les cartes Pokémon sont toujours interdites, elles, depuis l’incident qui s’est passé à la fin des années 90, aux États-Unis, où des jeunes auraient poignardé un enfant pour ses cartes. Ça, ça ne change pas, par exemple!)

Depuis cet incident, je n’en ai pas entendu parler à nouveau. La jeune éducatrice m’a assuré qu’elle passerait le mot au reste de l’équipe et qu’elles seraient plus aux aguets. De son côté, l’enfant a réussi à passer par dessus l’événement, non sans avoir des rechutes, des fois. Je le comprends, je suis personnellement incapable de regarder plus de cinq minutes de ce jeu complètement psychosadique (oui, j’ai inventé un mot!).

Par contre, le questionnement se pose : c’est de la faute de qui, tout ça? Les éducatrices qui ont permis un peu n’importe quoi sans savoir? Les parents du jeune qui lui permettent l’accès à un jeu qui n’est clairement pas de son âge, sans l’éduquer et le prévenir que ça peut avoir des répercussions? L’enfant qui n’a pas utilisé le peu de jugement qu’il a à cet âge-là? L’accessibilité trop facile aux jeux pour le public trop jeune? Je ne sais pas. Je ne suis pas du genre « maman nazi », mais, si mon enfant est confronté à quelque chose qui ne lui convient pas, sans qu’on lui permette de manifester son inconfort ou qu’il puisse y échapper, soit en allant ailleurs ou en ayant un adulte qui intervienne, c’est là que j’ai un problème, et un gros à part de ça.

2 thoughts on “Le jour où un jeu nous a empêché de dormir

  1. Ironiquement quand j’étais enfant j’écoutais Terminator et Predator sans problème.
    C’est quand ma sœur m’a fait écouté Robin et Stella et madame Peperpot que je réussissais pu à dormir.

  2. Wow. Je suis tombé sur votre post en recherchant : PROBLÈME ECOLE FREDDY.

    Il m’est arrivé EXACTEMENT (je croyais me relire!!) la même histoire, excepté que j’ai rencontré la directrice de l’école pour interdire ce jeux dans les cours d’informatique, ce qu’elle a fait. Le tout c’est passablement calmé…. jusqu’a ce qu’un élève rammene ce monstre sur sa tablette. IL n’en fallait pas plus pour que la folie reviennt!

    Depuis, je réalise que les enfants au service de garde dessine ces personnages, c’est toléré,… Les enfants ont des parrures/etuis/sac de freddy… c’est toléré!!!!

    Si on regarde youtube, les vidéos de Freddy PLEUVENT et ils sont loin d’etre rose, on est meme tombé sur un qu’il ouvre litteralement le ventre d’un toutou enceinte avec un Couteau ou le sang revole à flots!!

    Bref, j’en suis à militer pour l’interdiction totale de cette abominable peluche maléfique de tout les écoles… Car elle est sérieusement en train d’affecter nos jeunes, sans que personnes ne s’en rende compte!

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