Je dois avouer, sinon avec regret, du moins avec humilité, que je n’ai pas compris l’aspect narratif sous-jacent de Starseed Pilgrim.
Tout comme une bonne partie du jeu, en fait.
FICHE TECHNIQUE
- Développeur : Droqen
- Plateformes : PC, Linux, Mac
- Nombre de joueurs : 1
- Type de jeu : casse-tête et platformes
- Date de parution : 16 avril 2013
- Prix de base : 6,49 $
Introduction
Le jeu s’ouvre sur une salle close, où on indique au joueur ses possibilités de déplacement : le classique schème des flèches servant à se mouvoir. Cependant, les indications du tutoriel s’arrêtent là. Le joueur est, pour ainsi dire, laissé à lui-même, avec la tâche implicite de comprendre sa place dans l’univers où il vient de pénétrer, de même que le fonctionnement des différents aspects du jeu, certains qui sont pour le moins nébuleux. Une bonne partie de l’intérêt du jeu est cette découverte de la façon de procéder et du but du jeu. Je tâcherai de ne dévoiler que le strict minimum au sujet des mécaniques et objectifs, pour vous garder des surprises. On peut déjà dire que, peu importe ce que Starseed Pilgrim tente de faire, il l’exécute admirablement.
Qu’est-ce que Starseed Pilgrim?
Starseed Pilgrim fait principalement dans la découverte. L’exploration, l’expérimentation, l’analyse de systèmes plus ou moins complexes : le jeu est un vrai casse-tête. Il éveille chez le joueur des sentiments similaires à ceux reliés à la résolution de problèmes dans Fez ou bien Antichamber. Le joueur doit également apprendre par lui-même comment interagir avec le monde, dans des situations d’une complexité accrue, basées sur une mécanique centrale assez simple selon laquelle le pèlerin utilise des semences qu’il trouve dans le monde pour en faire une sorte de jardin zen coloré où chaque vigne possède des propriétés précises à découvrir. Vous l’aurez compris, le jeu est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Évidemment, on comprend assez vite que le développeur, Droqen, insiste sur l’intérêt d’apprendre la totalité du jeu par soi-même, une tâche intimidante. Mais bon, c’est à chacun de le découvrir, Internet ayant un manque étrange de quelque walkthrough que ce soit pour le jeu.
Sur le plan technique, le jeu étant d’une grande simplicité visuelle, il est très peu demandant. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’y ait aucun problème de fonctionnalité, même avec un ordinateur portable aussi primitif que celui sur lequel le jeu a été testé.
Mes impressions
L’aspect visuel
Starseed Pilgrim a lieu dans un espace relativement vide, au fond blanc, dans lequel le pèlerin amène de la couleur à l’aide des semences qu’il acquiert au cours de ses pérégrinations. Le fond blanc peut parfois s’avérer agressant pour l’œil, et reste omniprésent, sans option de remplacement autre que l’intégration de l’espace par le joueur et les couleurs qu’il y insère. Le jeu reste toutefois dans l’ensemble assez plaisant visuellement, avec son style minimaliste qui reste dans l’esprit de l’œuvre.
Une corvée ou un plaisir?
Lorsque le jeu débute, le joueur se retrouve lancé dans un univers où il ne sait que se déplacer. Après une heure de jeu, l’objectif et les fonctionnalités restent flous, et beaucoup semble encore à découvrir. Certaines choses deviennent claires rapidement, mais il est attendu du joueur un temps d’investissement initial simplement pour comprendre ce casse-tête qu’est la jouabilité dans Starseed Pilgrim. Vraisemblablement, ce jeu n’est pas pour les gens qui ont peu de temps de jeu devant eux. L’acheteur potentiel devra être patient s’il veut retirer les précieux secrets que garde l’étrange jardin zen dans lequel il entre, des secrets qui sont nombreux et souvent inattendus.
La difficulté et la découverte
Vous aurez sans doute compris que Starseed Pilgrim est un jeu un peu difficile d’approche. Il faut être ingénieux dès le départ pour comprendre comment le jeu fonctionne réellement. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre qu’y développer des stratégies ou compléter des niveaux sont deux choses d’une grande complexité. Même si ce jeu est plus complexe qu’un Professor Layton ou autres jeux d’énigmes, il y a tout de même espoir pour certains d’y trouver un plaisir, notamment dans les nombreux moments d’eurêka que produit la découverte d’un tel système de fonctionnalités. Cependant, le jeu est parfois frustrant, par la nature apparemment aléatoire de certaines fonctionnalités, malgré qu’elles ne le sont, au final, pas vraiment.
De la méditation interactive
Par contre, il faut avouer qu’il est difficile de rester frustré dans un jeu qui fournit à l’utilisateur un flot constant de musique de méditation. La bande sonore est analogue à des pièces utilisées pour la méditation, qui rappelle beaucoup ce que fait Antichamber, très axée sur l’ambiance et sur la relaxation devant les défis et casse-têtes que l’on rencontre.
À propos de « l’histoire »
L’aspect narratif se présente simplement à travers quelques vers ici et là dans le monde. À première vue, et même à deuxième vue, ils n’ont pas grand-chose en commun et n’ont pas de sens particulièrement important. Je n’ai pas la prétention d’être un expert en poésie, éclairez-moi si vous y avez vu quelque chose de plus.
Conclusion
Tout cela ne m’a par contre pas empêché d’apprécier le jeu en tant qu’œuvre issue de la révolution indépendante. Entre Braid et Antichamber en passant par Fez, Starseed Pilgrim est un superbe exemple de jeu de casse-tête et plateformes de cette révolution. Mystérieux et difficile d’approche, il ne cesse jamais de livrer des moments d’eurêka infiniment gratifiants pour le joueur qui sacrifie un peu de son temps et beaucoup de sa patience et de sa réflexion. Un petit prix à payer pour percer les secrets bien gardés d’un titre que même Internet n’ose pas trop dévoiler, de peur d’en briser le charme.
On aime :
- L’univers énigmatique et les mécaniques de jeu mystérieuses qui donnent envie d’apprendre à les maîtriser;
- La bande sonore méditative et apaisante;
- La progression sans guidance, qui engage la réflexion du joueur et l’encourage à trouver lui-même les réponses à ses questions;
- L’esthétique minimaliste qui reste dans l’esprit des premiers succès de la révolution indépendante;
- La difficulté relevée des casse-têtes, mais qui n’est pas injuste.
On aime moins :
- Les semences utilisées qui agissent parfois de façon trop aléatoire;
- Le va-et-vient, parfois fastidieux dans certains aspects du jeu;
- Le fond blanc omniprésent, souvent agressant pour les yeux.
Sources :