Critique – El Capitan, arrr!

Gagnant du concours Les Trois Lys dans la catégorie enfants.

On associe souvent « jeu pour enfants » et « ennui, simplicité, facilité ». La preuve : quand j’ai demandé (à genoux) à mes amis de faire quelques parties avec moi pour que j’en fasse la critique, ils ont soupiré. Trente minutes plus tard, j’avais des ongles enfoncés dans le dos de ma main. Contre toutes attentes, ce jeu est vraiment, vraiment intense.

 

Fiche technique

  • Type de produit : Jeu de société
  • Éditeur : Gigamic
  • Durée d’une partie : 15 à 20 minutes
  • Nombre de joueurs : 2 à 6
  • Âge recommandé : 6 ans et plus
  • Langue du produit : disponible en français
  • Prix moyen : 30 $

 

La première étape, lire les règles. Elles sont moins attrayantes que le gameplay. Une première lecture nous renseigne sur le contexte qui apparaît un peu forcé : un vieux pirate qui veut tester son équipage afin de déterminer son héritier. Comme dans toute histoire de piraterie, l’épreuve sera évidemment un jeu de mémoire. Le principe est simple : chaque joueur a le même jeu de douze tuiles, chacune ornée d’un objet ou d’animal lié à la piraterie. Il les dispose en rectangle devant lui, face cachée. Avant le début des hostilités, tous ont le droit de les dévoiler pendant une minute afin de mémoriser leur placement. Au début d’un tour, une carte de la pioche centrale est retournée. Les joueurs doivent chacun poser une figurine de navire sur la tuile qui représente, selon eux, la même chose que la carte tirée puis poser leur main sur cette dernière. Le deuxième pose sa main sur la main du premier, etc. jusqu’à ce que tout le monde ait fait son choix. Vient alors la vérification : ceux qui ont bien deviné reçoivent une récompense en pièces d’or selon leur rapidité alors que ceux qui se sont trompés doivent se départir d’une pièce.

 

Le jeu de mémoire renouvelé

La rapidité peut sembler négligeable dans les règles, mais une partie permet de se rendre compte de son importance. Si vous avez joué à Jungle Speed, des affrontements similaires sont à prévoir entre les joueurs : jouer du bélier lorsque deux mains s’entrechoquent, exiger que tous se coupent les ongles avant les parties, hausser le ton parce que la personne qui retourne la carte le fait trop lentement et voit son contenu avant les autres joueurs…

Le plus grand mérite du jeu est de créer des émotions fortes avec un principe aussi simple — je dirais même « ennuyant ». Il y a des milliers de variantes des jeux de mémoire, mais El Capitan réussit à réinventer la recette en corrigeant la lenteur habituellement inhérente à ce genre de jeux. Le tout, en gardant les règles assez simples pour être expliquées en trois minutes à un enfant de six ans. Sur le plan des mécaniques du jeu, on peut donc parler d’une réussite. Le seul bémol, à mon sens, réside dans les cartes spéciales : au lieu de présenter un objet à chercher parmi ses tuiles, elles provoquent des effets plus ou moins importants lorsqu’elles sont tirées. À mon sens, le défaut est leur nombre : seulement trois par partie, toujours les mêmes. Deux ont des effets minimes (permettre de regarder une de ses tuiles ou échanger deux tuiles chez un adversaire) alors que la troisième est un game-changer (recommencer le jeu depuis la phase de placement des tuiles, en conservant les points). Il aurait été souhaitable que, par exemple, les cartes à effets minimes aient davantage d’occurrences…

Vous avez une minute pour mémoriser l'emplacement de chacune des douze tuiles que voici.
Vous avez une minute pour mémoriser l’emplacement de chacune des douze tuiles que voici.

 

Matériel

Le matériel du jeu est également bien pensé : tout est cartonné! Le principal danger de ce genre de jeux, une carte pliée et donc reconnaissable, même face cachée, est avorté.  Parfait pour les enfants, mais aussi pour les plus grands : on a tous un ami maladroit… Le style graphique rappelle un dessin animé, ce qui attirera les plus petits. Il reste cependant assez standard, plat et rappelle les « cliparts » avec lesquels je m’amusais sur l’ordinateur de mon papa. L’arrière-plan est souvent uni ou dégradé, mais de couleurs variées. Une simple bordure rouge différencie les cartes normales des cartes spéciales, ce qui peut poser problème dans le feu de l’action : peut-être que mes amis et moi ne sommes pas assez attentifs, mais à chaque partie, nous avons oublié que la carte « Longue vue » était une carte spéciale. Par conséquent, nous avons simplement essayé de trouver une longue vue parmi nos tuiles — peine perdue. Outre le style artistique, le coffre au trésor rempli de doublons est également un détail apprécié par les plus jeunes.

 

Conclusion

El Capitan est un jeu idéal pour briser la glace, commencer une soirée ou à l’inverse, la terminer après un jeu moins bon enfant. Simple à expliquer et rapide à mettre en place, il a tout pour plaire aux plus jeunes — qui sont, ne l’oublions pas, son public cible après tout! Son principal défaut est cependant son aspect répétitif : après deux ou trois parties d’affilée, on s’en lasse rapidement.

 

On aime:

  • La combinaison rapidité/mémoire, très réussie
  • La facilité d’explication des règles
  • Le matériel cartonné
  • Parfait pour jouer avec des enfants

On aime moins:

  • Les effets des cartes spéciales, trop rares et sans saveur
  • Le support matériel des règles peu attrayant : petit lettrage, texte tassé, tout en noir et blanc
  • Les ongles longs d’un ami trop enthousiaste
  • Le style graphique, loin d’être mémorable

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