J’ai commencé à courir les conventions en 2008, mais j’ai dû prendre une pause en 2009 parce que, quand tu as un frame de piquet avec un bide quatre fois large comme toi « pré-bedaine », tes options – et envies! – de cosplay sont assez limitées.
Donc, en 2010, après une super perte de poids et un peu de remise en forme, j’ai décidé de me remettre d’actualité à ce qui était hot et connu dans le merveilleux monde des japonaiseries. J’ai découvert – et suis tombée en amour avec – les Vocaloids. Particulièrement : Hatsune Miku. ‘Scuse, mais une p’tite cutie aux cheveux bleus qui à l’air d’avoir le time of her life à chanter et à danser dans son monde complètement virtuel… Allo, j’peux tu prendre ta place!?
La découverte du cosplay idéal
On fouine sur ebay, moi et mon père, puis on tombe sur LE costume s’ua coche. La jupe en vinyle, le chemisier parfait, la perruque avec les couettes qui m’arrivent aux mollets… LE KIT. Écoutez… Y’avait même les manches qui allumaient! Ça bougeait au rythme du son environnant, un equalizer, comme sur les radios. C’était écoeurant! Petit papa fait aller son paypal, on prend mes mesures, et c’est commandé! Trois semaines plus tard, le costume arrive, on doit le faire ajuster parce que je suis encore en train de fondre comme neige au soleil. Le jour de la convention arrive : le costume est parfait!
Je suis une fille de principe, et je ne prend jamais des costumes ben ben sexy, parce que je ne suis tout simplement pas à l’aise avec ça, puis qu’une convention, c’est familial, alors je garde ça « T pour tous ». Je choisis des costumes avec lesquels je suis autant confortable à montrer que porter. Donc, avant de faire ajuster mon costume, j’ai appliqué la bonne vieille règle de l’école : si ta jupe ne dépasse pas tes doigts quand t’as les bras collés sur le corps, c’est trop court. Pour prévenir les spectacles de foufounes par inadvertance, j’étais munie de mini shorts… Bref, une Hatsune Miku qui pourrait facilement aller faire un concert dans un couvent.
J’étais au courant, par contre, que c’est un personnage hyper sexualisé. Mais je m’étais dit que, si je respectais la vision originale, on allait me sacrer patience.
Ha. Hahah. Hahahahahaaaah… héééé misère.
C’est donc à mes dépens que j’ai appris que non. On s’en fout bien que tu respectes la vision semi-prude du personnage de base, on va juste se souvenir des fanarts crasses et sexy qui pullulent sur Google.
Et c’est ainsi que j’ai passé deux jours infernaux à servir de fantasme sur patte à des creeps.
Servir de fantasme sur pattes en convention
Puis à me faire demander des câlins par le même gars trois ou quatre fois dans la même journée. Puis pas un gentil et poli : « Excuse-moi, ton cosplay est vraiment cool. Est-ce que je peux avoir un câlin? » Nenon… J’ai eu droit à un « Hatsune Mikuuuuu (avec un »accent japonais » trop exagéré et nasillard qui venait du nombril. Vraiment très agressant) je veux un calîîîîîîn »… Au premier contact, j’ai fait : « Ok, fine » et j’engage dans un câlin stérile comme on voit dans les conventions. Mais, finalement, je me rends compte que, les contacts physiques avec des étrangers, ce n’est pas mon genre.
ENCORE MOINS quand j’ai l’impression que le gars est un peu trop content de se coller. Je remarque, en me séparant, que le sac à goodies du gars, est rempli de cossins de Miku… dont un oreiller de corps. Avec un imprimé de Miku les culottes baissées qui avait l’air d’avoir été victime de l’explosion d’un sac de lait en pleine face, if you know what I mean.
Un énorme malaise s’installe. Je pars dans une autre direction. Plus tard, je recroiserai le même gars, qui me demandera encore un calîn… QUE JE REFUSE gentiment. Bien, croyez-moi, croyez-moi pas, le gars me jette un regard de meurtre. Hey dude, tu m’excuseras, mais déjà que je soupçonne que tu penseras à moi – ou n’importe quelle autre des Miku présentes à la convention – ce soir en t’endormant collé sur ton oreiller de corps… tu m’en voudras pas de limiter tes souvenirs!
Ça parait drôle à première vue… mais non
Ça paraît drôle dit de même, mais, entre vous et moi, à ce moment-là, je me suis sentie sale. Et fâchée. Je suis au courant que c’est une infime partie de la population des conventions qui est comme ça. Mais reste que c’est quand même cette micro-cellule de personnes-là qui fait que bien des gens se limitent dans leur cosplay, ou décident carrément de ne plus aller triper dans les conventions.
ATTENTION! Je ne mets pas que les gars dans le panier des gens qui ne sont pas au courant qu’ils ont un comportement déplacé… les filles aussi!
Comme je disais, mon intérêt pour les conventions à commencer en 2008. C’est aussi à ce moment-là que je me suis lancée dans la merveilleuse aventure du cosplay. Bon, cosplay… le terme est un peu fort dans mon cas! Des joggings bleu marine (usés), un haut de karate gi (Centraide!), une grosse corde à bateau (rouge), des gougounes (trop grandes), des gants, bien du gel puis BEAUCOUP de tape électrique et hop! me voilà Sasuke version Shippuden. Pour rendre le tout plus fidèle (parce que ce l’était dans ma tête, fidèle au design, ok!?), j’ai appris le merveilleux art du breast binding.
Ça, les gens, si vous savez pas ce que c’est, c’est de la magie. Faire disparaître tes attributs de poitrine avec un grand bout de tissu jusqu’à ce que tu sois plate comme un p’tit gars. Ça rend le costume plus authentique.
Les fangirls ne sont pas mieux que les gars
Je me promenais donc dans toute ma virilité avec mon karaté gi à moitié enlevé (parce qu’il faisait salement chaud) et tout indice de ma féminité habilement dissimulé sous la strap de tissu et une camisole couleur peau, quand on m’a assaillie. Tout ce que j’ai su, c’est qu’il y avait des froufrous, des mains un peu partout, pis des cris aigus. C’est quand je me suis revirée en panique que mes deux fangirls ont catché que j’étais une fille. Elles m’ont complimentée sur le fait que « de loin, j’avais vraiment l’air d’un fichu de beau gars ». OK, MERCI, MAIS C’EST QUOI CETTE APPROCHE? On ne leur a jamais expliqué la notion d’espace personnel!? Ça ne se fait pas ça, gang.
Faut avoir au moins, quoi, 14 ans, pour pouvoir assister à une convention sans être accompagné d’un adulte? La notion de politesse/civilité/respect, me semble qu’on la connaît même à cet âge-là? Apparemment non. Des fois, même adulte, ça d’l’air que non.
Tu veux manifester ton appréciation d’un cosplay à quelqu’un? Rien de plus effectif qu’un « Hey! Ton costume est vraiment nice! Est-ce que je peux prendre une photo? Est-ce que je peux te serrer la main? »» Vous allez voir, ça fait des merveilles. Un gars est en chest dans son costume? Une fille est en bikini/minijupe/bobettes? Ça ne vous donne pas le droit de toucher tout ce que vous voyez.
Si je peux donner un exemple, je vous partage cette photo qui a été prise lors d’une manifestation anti culture du viol (ou anti rape culture, si vous êtes plus familiers avec le terme anglo). Le reste du contexte m’échappe, mais bref. Admirez.
Tout le monde mérite le respect
La pensée magique voudrait qu’on se dise « Tu as beau ne pas chercher le trouble, tu risques de le trouver pareil, fille! Mais ça, c’est l’idée qu’on nous a enseignée à avoir dans notre mentalité où tout ce qu’on voit nous est accessible, un peu comme l’excuse facile de condamne le choix vestimentaire d’une victime d’agression sexuelle. Pourtant, on l’a appris à la petite école : « Mon corps, c’est le mien, ce n’est pas le tien! » Ça s’applique à tout, et le cosplay n’y fait pas exception.
Pognerais-tu les gosses de ton grand-père si elles sortaient par inadvertance de son speedo lors d’un party piscine de famille? Non? Alors, pourquoi est-ce que c’est correct de toucher n’importe quel bout de peau qui sort du costume d’un inconnu? Non, mon idée de cosplayer Hatsune Miku n’était PAS une invitation à ce qu’on me fasse ce qu’elle subit dans les fanarts qui habitent les zones obscures du Web. Non, mon crossplay de Sasuke n’était pas exécuté dans le but d’avoir un harem de fangirls qui me percent les tympans et qui prêchent mon sex-appeal à tue-tête à qui voulait (ou pas) l’entendre.
Mon cosplay m’appartient, il ne t’appartient pas!
Mon cosplay, c’est le mien, ce n’est pas le tien! Le viol, c’est pas juste une histoire de sexe. C’est la violation du non-consentement. Si je ne te dis pas « Oui vas-y, pogne-moi une fesse », tu n’y touches pas, right? Bien, si je ne te dis pas expressément « Saute-moi dessus en gueulant et en me tripotant », c’est pareil. Petit truc : si c’est non, c’est non. Si c’est oui, c’est oui. Si je change d’idée, ou si je ne dis rien, c’est non. Pas de place à l’interprétation.
Et maintenant que vous avez lu ma chicane, vous n’avez trop pas d’excuses pour vous faire prendre à baver sur vos comparses con-goers. Ça fait peur, pis vous risquez de rencontrer les gars de la sécurité. Puis eux, ce ne sont pas des costumes qu’ils portent.
BONUS POUR TOI, MON AMI! Mon costume de sexe-symbole en diaporama… Et chante avec moi! (Merci à Marie pour le vid’!)
D’habitude, j’essais d’éviter les blogs écrits par des Québecois; ils ont tous LE même style d’écriture pis la même pensée »les AUTRES ont pas assez d’ouverture d’esprit » pis »les AUTRES comprennent pas c’est quoi le respect. Sur le lien sur facebook j’ai vu le mot »bide » au début du texte j’me suis dit: »tiens une bloggeuse française? lez give it a try », pis je suis content de l’avoir fait. j’trouve que tu écris bien, et que t’aborde le sujet avec intelligence et humour. C’est très facile de déraper quand on parle du respect. Bref, bel article, je vais m’assurer de revenir sur ce site et checker si t’as d’autres perles comme ça :) bonne journée
Je peux facilement comprendre ce que tu dit Julie. Étant un homme hétérosexuel qui aime les femmes … et je les aimes vraiment mais vraiment beaucoup, j’ai beaucoup de respect pour les cosplayeuses et ce peu importe ce qu’elles portent ou pas. Je ne m’excuserai pas d’être un homme, mais il vrai que peu importe le sexe, se faire toucher sans permission ou d’une façon irrespecteuse n’est pas admissible. Je touche toujours avec mes yeux ;P, je ne suis pas fait en bois. C’est comme dans un bar de danseuse. Tu peut regarder, tu peut penser ce que tu veux dans ta tête, mais si tu touche à la danseuse il ya un gars qui va te prendre par le cou et te foutre dehors. Personnellement je n’ai rien contre une fille qui va me pogner les fesses, ce qui m’est arriver dans mon cosplay de Ash Ketchum deux fois durant le comiccon de Montréal 2014, mais si elle m’avais pogner le paquet j’aurais potentiellement été un peu mal à l’aise. Bref, regarde, touche pas à moins d’y être invité et sois respectueux dans tes commentaires et calins! Game on Ju!