« There are Pretenders among us. Geniuses, with the ability to become anyone they want to be. »
– Extrait du générique d’introduction
Voici Jarod. Aucun nom de famille. En 1963, une corporation connue simplement sous le nom du Centre a identifié un jeune garçon, plein de potentiel. Ils ont organisé sa disparition afin d’exploiter son génie pour leur profit.
Et puis, un jour, Jarod s’est enfui.
L’Idée et l’inspiration
Avec une prémisse toute simple, la série The Pretender (en français Le Caméléon) nous lance dans un univers de pseudo-réalisme qui tend rapidement vers la science-fiction. Et son personnage principal, son héros, est lui-même un mystère. Qui est-il? Qui sont ses véritables parents? Pourquoi est-il un génie? Comment son don, cette capacité d’assumer n’importe quel métier, du plus élémentaire au plus complexe, fonctionne-t-il?
Sur quatre saisons et deux films qui clôturent les trames (Pretender 2000 et Island of the Haunted), NBC aura livré un opus original qui aura su en divertir un grand nombre. Le succès de cette série aura reposé beaucoup sur les histoires d’enquête et de poursuite, alors que les agents du Centre feront pieds et mains pour remettre leurs griffes sur leur investissement, autant que sur l’acteur principal et son jeu tout à fait charmant, le héros au grand coeur qui vit dans l’ombre du mal qu’il a commis sans le savoir.
Le concept du personnage aura été inspiré par une personne réelle, l’histoire de Frank Abagnale (romancée dans le film Catch Me if You Can, mettant en vedette Dicaprio et Hanks). Cet arnaqueur aura réussi, pendant quelques années, à déjouer le FBI et à détourner des fonds considérables (actions qui trouvent leur écho dans la série en question) en se faisant passer pour un pilote d’Avion, un docteur ainsi qu’un avocat!
Les Agents du Centre
Une grande partie du charme de la série revient à l’équipe extraordinaire d’acteurs chargés de retrouver Jarod alors qu’il se promène partout aux États-Unis, aidant les victimes de crimes graves (parfois directement liés aux simulations qu’il a effectuées pour le Centre) tout en laissant des indices à ses poursuivants.
Sydney (Patrick Bauchau) est le mentor de Jarod; lorsque ce dernier a été kidnappé, c’est lui qui l’a pris sous son aile et l’ aidé à développer son immense cerveau. Tout le génie de Jarod lui vient, en grande partie, des conseils de ce psychiatre exceptionnel. Mais est-ce que Sydney veut vraiment récupérer Jarod? Son allégeance au Centre est-elle compromise? Ou, au contraire, joue-t-il le jeu de la sincérité afin de mieux manipuler son protégé et les gens qui l’entourent? Rien n’est clair autour de cet homme qui prétend ne pas savoir tout le mal que la corporation pour laquelle il travaille a pu faire. Mais comment pourrait-il ne pas le savoir? La question demeurera longtemps en suspens…
Miss Parker (Andrea Parker) pensait en avoir terminé avec les opérations de terrain; elle travaillait au domaine corporatif et adorait son travail. Hélas! l’évasion de Jarod a contrarié tous ses plans, et le Centre l’a personnellement chargé de retrouver leur investissement. En grogne contre Jarod, Sydney, le Centre, le monde en entier, cette femme forte ne s’en laisse pas imposer par quiconque. Mais ce qu’elle déteste le plus, à long terme, c’est ce jeu de chat et de souris que Jarod s’amuse à jouer contre elle. Toujours à deux doigts de mettre la main sur lui, il lui file entre les doigts avec un pied de nez et un sourire. Mais Miss Parker n’a pas non plus d’amour pour son employeur, qui est probablement responsable de la mort de sa mère, souvenir qui la hante encore malgré sa froideur. Si la patience est une vertu, c’est contre elle que Miss Parker va se battre tout au long de la série dans sa longue poursuite d’un ennemi qui, peut-être, n’en est pas vraiment un.
Broots (Jon Gries) est un informaticien de génie, recruté par le Centre pour gérer tous les aspects de leur sécurité informatique. Il n’a peut-être pas la capacité d’adaptation de Jarod, mais il rivalise avec lui dans son domaine de compétence. Avant toute chose, cependant, Broots est le souffre-douleur de Miss Parker, son lèche-bottes attitré. Il voue à la reine des glaces une admiration sans bornes, pendu à ses lèvres par peur autant que par un désir inavoué. C’est en courant après Jarod que Broots va apprendre à sortir de lui-même pour devenir un homme presque à part entière.
On ne peut passer sous silence l’énigmatique et troublant Mr Raines (Richard Marcus), surnommé le ‘Boogieman’, ce mythique personnage qui traîne dans l’ombre au début de la série, et dont la présence remplit tous les employés du centre d’effroi. Traînant sa bonbonne d’oxygène avec lui partout où il va, râlant des ordres dans la noirceur, il fait régner la terreur sur la corporation. C’est lui, le mal contre lequel Jarod se bat, le cauchemar qui l’a inconsciemment terrorisé toute sa vie.
D’autres personnages s’ajouteront aux histoires alors que la série continuera de dévoiler ses secrets. Mr Parker (Harvey Presnell) et Mr Lyle (Jamie Denton) laisseront leur marque sur la série, chacun à leur manière, d’autres manipulateurs au sein du centre, chacun avec son agenda. Les trames de conflit entre ces différents joueurs ajouteront constamment au mystère jusqu’à son dénouement ultime.
La Conclusion
Au terme de quatre années d’intrigue, après une de fin de saison explosive, NBC ne renouvellera pas la série. Une entente sera signée et deux films seront produits. Le premier débute avec les conséquences directes de la fin de saison – le second explorera une fois pour toutes le mystère des origines du Centre, et de leur obsession avec leur caméléon.
La série se fera par la suite discrète, rejouant parfois à certaines chaînes spécialisées. Ses fans continueront d’inventer pour eux-mêmes les histoires de traque; la communauté internet s’investira à sa manière dans des projets de compilation de toute sorte.
En 2013, les producteurs de la série ont annoncé un retour aux sources pour leur oeuvre. Peu longtemps après, c’est un roman, The Pretender: Rebirth, qui aura vu le jour, nous ramenant aux débuts de l’histoire, aux premières heures de Jarod à l’extérieur du Centre après son évasion. Les producteurs ont également lancé un site web, thepretenderlives.com, afin de tenir les fans au courant des développements. D’autres livres sont en cours, et le projet est loin d’être achevé.
Il est peu probable qu’une série revienne à l’écran, mais, avec la tendance actuelle au remake, il ne faut jamais abandonner l’espoir. Jarod lui-même vous le dirait, et, lui, il peut faire ce qu’il veut.