« If the Commonwealth’s High Guard had a weakness, it was this: its officers were too competent, too caring, and too brave. »
– Yin Man-Wei, The Rise and Fall of the Systems Commonwealth, CY 11942
Sur cette citation s’entame au petit écran une histoire de science-fiction épique, digne des légendes grecques, qui aura, bon an, mal an, fait de son mieux pour présenter une trame originale et aura su, malgré sa légèreté imposée, ravir son auditoire à sa manière.
Mettant en vedette Kevin Sorbo (précédemment rendu célèbre dans la série Hercules, un classique d’un autre genre), on y découvre une société plongée dans le chaos après une guerre civile intergalactique. On y retrouve, encore une fois, un grand nombre de classiques de la science-fiction : voyage interstellaire, une équipe d’aventuriers spatiaux chevronnés, des intrigues à la fois scientifiques et personnelles, teintées de politique et de traîtrises potentielles, des extraterrestres surpuissants… Un vrai space opera dans le sens le plus classique du terme!
L’HISTOIRE
À l’image de Star Trek (une autre création de Gene Roddenberry, également à l’origine de la série Earth: Final Conflict dont j’ai précédemment parlé), les différents peuples étaient unis par un gouvernement central (The Commonwealth); à son encontre, une guerre civile a fini par dévaster les trois galaxies. Le vaisseau Andromeda Ascendant, dont l’intelligence artificielle, Rommie, est incarnée par la charmante Lexa Doig (dont la première apparition non virtuelle dans la série nous la présente dans son costume d’Eve! – PG, bien sûr), et le capitaine Dylan Hunt sont au centre de cette crise. Ils y survivent en stase autour d’un trou noir, jusqu’à ce qu’un vaisseau d’exploitation réussisse à les en sortir. Le capitaine Hunt se joint à l’équipe de récupération afin de restaurer l’ordre dans la galaxie.
L’humanité (lire Terriens) tient un rôle central dans l’histoire, mais quelques autres peuples se mélangent à la population galactique. On notera entre autres les Nietzcheans (directement tiré des principes de Friedrich Nietzche, philosophe antithéiste ayant le premier élaboré le concept du surhomme), un peuple humain composé d’individus qui sont le résultat de nombreuses expériences et manipulations génétiques, ambitieux et surtout prêts à survivre en toutes circonstances : ils représentent des antagonistes originaux, responsables de la chute du Commonwealth qui amorce la série. Et puis, on ne peut faire abstraction du peuple Magog (nom inspiré de la littérature biblique, faisant allusion à une sorte de démon destructeur), un peuple artificiellement extrait de leur planète, dont l’infestation s’étend dans la galaxie. Roddenberry (posthume) nous donne des adversaires coriaces, auxquels les héros de l’histoire se frottent régulièrement (sans compter tous les ennemis uniques à chaque épisode).
L’ÉQUIPAGE
L’équipage du vaisseau Eureka Maru qui a organisé l’opération de récupération du vaisseau Andromeda en orbite autour du trou noir, se joint, un peu forcé par les circonstances, à Dylan Hunt et Rommie dans leur quête de restauration de l’ordre dans la galaxie.
Beka Valentine (Lisa Ryder) est une exploratrice et pilote humaine, qui suit les traces de son père qui lui a laissé le vaisseau et l’ambition de trouver les plus grands trésors perdus du Commonwealth. Pendant longtemps, elle refusera d’appeler Dylan par son titre (« I’m not calling you Captain« ), mais elle finira par apprécier sa droiture et surtout son honneur, et cela déteindra sur leur relation.
Seamus Zelazny Harper (Gordon Michael Woolvett) est un ingénieur qui souffre d’un excès d’intelligence et d’imagination. Bien qu’il ne brille pas par son courage (du moins, au tout début de la série), c’est son habileté à faire des miracles (on se rappellera ‘Scotty’ dans Star Trek) qui lui évite bien des ennuis et le respect de ses collègues. Ayant grandi sur Terre durant l’infestation Magog, il a connu la misère et désire ne jamais y retourner.
Tyr Anasazi (Keith Hamilton Cobb) est un mercenaire Nietzshean qui n’a que peu d’égaux; exilé de son peuple, il vend ses services au plus offrant. C’est en travaillant avec Beka Valentine qu’il entre en contact avec Dylan Hunt et s’engagera dans une relation amour-haine avec le capitaine qui le remettra constamment en question. Le personnage se retirera de l’équipage régulier à la fin de la troisième saison, mais gravitera autour de ses anciens collègues pendant quelques épisodes.
Il sera remplacé par Telemachus Rhade (Steve Bacic), Nietzschean également, descendant génétique et copie conforme de Gaheris Rhade, qui avait précédemment trahi le capitaine Dylan Hunt sur le pont de l’Andromeda. Il faudra un temps à Dylan pour apprendre à lui faire confiance, mais Telemachus prouvera sa valeur au fur et à mesure du temps.
Révérend « Peste Rouge » (Red Plague) Behemiel, ou Rev Bem (Brent Stait), est un Magog qui tente d’abandonner les instincts destructeurs de sa peste, et qui, pour le faire, s’est tourné vers la religion de la Voie (The Way). L’acteur tint le rôle pendant les deux premières saisons, mais dut se retirer de ses apparitions régulières pour cause de complications de santé (allergies au costume et au maquillage et épuisement professionnel).
Trance Gemini (Laura Bertram) nous livre une performance à la fois humoristique et sérieuse dans un personnage qui nous paraît parfois totalement innocent, et d’autres fois motivé par une intelligence hors du commun. Les secrets de cette charmante extra-terrestre, qui se transforme au cours de la deuxième saison (nouveau maquillage), seront révélés au compte-gouttes tout au long de la série.
Durant la cinquième saison, l’actrice Brandy Ledford incarnera le rôle de Doyle, en compagnie de Seamus Harper; ce dernier lui cachera sa véritable nature jusqu’à ce que les circonstances le forcent à révéler un autre secret. Son apparition de dernière minute sera due à une situation personnelle de la part d’une actrice qui ne pourra jouer son rôle pleinement (comme quoi toutes les séries sont victimes de problèmes de distribution!)
On peut difficilement passer sous silence l’antagoniste principal de la série, révélé un certain temps après le début, une entité connue simplement sous le nom de The Abyss. Ce monstre à forme humaine, mais à nature démoniaque se révèle l’architecte de bien des maux qui vont hanter nos héros jusqu’à la fin de la chronique.
UN EXCELLENT DIVERTISSEMENT
De nombreuses critiques ont précédé l’apparition de la série (et certaines ont continué de se faire entendre après). La première repose sur le fait que Dylan Hunt soit incarné par Kevin Sorbo (prétextant que l’association avec Hercule nuirait à la série). Mais déjà dans le premier épisode, la série accepte que sa vedette principale arrive avec une certaine notoriété. Après avoir vu le capitaine Dylan Hunt se battre contre des mercenaires et les terrasser, Seamus Harper le compare à un dieu grec (première référence parmi d’autres, d’ailleurs, durant la série)!
Bien que la série traite de thèmes sérieux (la guerre, le massacre de nombreux peuples, le chaos qui s’ensuit après une guerre civile, pour n’en nommer que quelques-uns), elle ne se gêne pas pour y mêler humour et légèreté afin d’alléger le fardeau que de telles histoires peuvent suggérer. Et bien que l’acteur qui incarne le technicien de génie, Seamus, soit souvent le bouffon ou même la victime de la farce, tous les personnages y trouvent leur compte à un moment ou à un autre.
On ne peut pas prétendre que la série a révolutionné le genre de la science-fiction télévisée, mais, comme tous les space operas qui se respectent, Gene Roddenberry’s Andromeda aura laissé sa marque sur l’univers télévisuel, et aura fourni à ses téléspectateurs une histoire digne des classiques, racontée avec un sourire en coin.