Dans son plus récemment film, Split, Shyamalan (Le Village, Le Sixième sens) joue sur le plan de l’horreur et du drame psychologique avec deux sujets lourds et complexes : l’abus lors de l’enfance et le TDI (trouble dissociatif de l’identité). Ces sujets sont exploités en suivant comment Kevin Wendell Crumb, un jeune homme ayant 23 identités distinctes en lui, croise trois adolescentes aux vies tranquilles. La psychiatre de ce dernier guide les spectateurs dans cette histoire fort troublante.
Tout d’abord, James McAvoy est surprenant dans le rôle de cet homme, maison des 23 personnalités flamboyantes. On ressent le plaisir et le défi que McAvoy a dû ressentir pour cette interprétation. Il n’arrive pas tout à fait à nous faire oublier l’acteur jouant ses personnages, mais sa performance est remarquable. Les seuls acteurs qui ont pu selon moi laisser les personnages les habiter complètement sont Tatiana Maslany et Jordan Gavaris dans Orphan Black. Ils ont cependant eu quatre saisons pour se mettre dans la peau de chacun des clones. Mis à part cela, James McAvoy transpose bien le tourment de Kevin.
Anya Taylor Joy, qu’on a pu voir dans The Witch , est magnifique dans son rôle d’adolescente victime des circonstances. Taylor Joy est sublime avec son teint pâle, ses grands yeux et ses longs cheveux foncés. Elle semble d’une fragilité devant la terreur des identités de Kevin. On voudrait cependant plus de son personnage, qui est à mon avis trop sous-estimé dans l’écriture de l’histoire. Sans rien dévoiler, énormément d’éléments de son passé se mêlent à l’intrigue principale et le résultat de ce tricotage est décevant. Il semble qu’il aurait fallu plus de temps pour que Casey (Taylor Joy) soit sa raison d’être.
Méconnu, le TDI est largement discuté dans ce long-métrage. Les questions sur le potentiel du cerveau, la légitimité des troubles mentaux et la maîtrise de soi y sont bien soulevées. Shyamalan ne tente pas de répondre à ces questionnements, mais de nous tremper dans cette pensée qu’il y a tant de choses encore inexplicables et inexplorées dans le psychique humain. Le personnage du Dr. Fletcher exploite bien la complexité et le mystère entourant cette maladie et surtout en la personne de Kevin. Les scènes mettant en lumière la relation entre la dame et les différentes personnalités sont bien faites et suscitent vivement notre attention. Cependant, il faut souligner que le TDI est décrit de façon caricaturale, ne donnant pas aux auditeurs de réelles références médicales. C’est plutôt une excuse pour nous déstabiliser, ce qui fonctionne.
Ma conclusion concernant Split?
Quoique les personnages soient presque aussi riches que les sujets traités, Split ne charme pas complètement. Il semble que tout le suspense, l’horreur et la peur ne sont pas complètement exploités. Il y a beaucoup de raccourcis dans l’histoire, soit dans le background des personnages que dans les actions qui devraient nous tenir en haleine. C’est peut-être la façon de Shyamalan de dire que les grandes explications ne sont pas constamment nécessaires lorsqu’on raconte un récit.
En résumé, Split est bon suspense psychologique avec beaucoup de points intéressants. Les acteurs principaux transportent bien l’histoire et réussissent à nous transmettre à plusieurs moments la peur et l’incompréhension.